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Olympe Invictus

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Message par Olympe Invictus 22.06.14 5:09

Bolombolom BAF !

...dzoïnnnnng....

Clic.
Je déglutis aussi pacifiquement que possible lorsque le cliquet caractéristique d'un chien que l'on arme se fit entendre près de mon oreille gauche, alors que le froid non moins caractéristique de la pointe d'un canon 9 mm Dominium III venait se presser contre ma tempe avec une douceur incongrue.

« Nom, prénom, motifs. quinze secondes. »


La voix était grave et feutrée, dépourvue d'hostilité, mais quelque chose dans la formulation activa ma langue avant que les paroles ne parviennent à mon cerveau. Je bredouillai précipitamment : « DeuxièmeclasseValentinMurenoaffectationInvictusm'tuezpasm'damesiouplaîtsiouplaît. »

Je sentis avec soulagement qu'on relevait le canon de l'arme, mais dans le noir, je le sentais qui m'observait encore méchamment de sa gueule d'acier. De nouveau on parla, une voix précise et calme, à l'accent légèrement traînant, et dont chaque mot comptait. Je devais apprendre par la suite que dame Invictus s'exprimait toujours avec une remarquable économie de souffle, et que les termes choisis étaient pesés avec soin pour couvrir l'étendue de sa pensée.

« Je n'ai pas été avisée de votre présence, deuxième classe Mureno. Que venez-vous faire dans ma serre ?
- On m'a dit que vous alliez recevoir un message, m'dame. »


Et par le trône de Dominus, pensai-je, on aurait aussi pu me dire quel genre de plantes elle étudiait !

La lumière m'éblouit vivement lorsque la femme chez qui j'avais pénétré alluma. La porte n'était pas fermée à clé. J'avais d'abord cru que c'était en prévision de ma venue, mais en voyant ce qui me tenait par le pied la tête en bas, je me ravisai : Elle n'en avait tout simplement pas besoin. Je me débattis furieusement, mais le monstroplante resserra sa prise sur ma cheville dans un craquement douloureux qui m'arracha une larme de panique.

La femme se déplaçait dans la serre, allumant peu à peu toutes les lampes, éclairant ça et là des spécimens rares, de délicates plantes du désert, ou d'horribles boursouflures noires d'aspect huileux qui dégageaient une odeur infecte. Je la suivais désespérément des yeux, craignant de perdre de vue la mince silhouette qui se découpait à l'envers dans la buée ambiante. Elle était rousse, et portait une chemise cintrée d'homme, dont le col en V ouvert jusqu'à la naissance des seins n'avait pas été lacé. De longues jambières en cuir solide sur un pantalon brun complétaient une figure d'un temps passé. Si elle n'avait tenu en main un soufflant dernier modèle sorti tout droit des usines militaires du Dominion, j'aurais pu me croire transporté en un autre siècle. La serre était tout sauf moderne, et l'ensemble de la structure en bois et en verre ressemblait davantage aux maisons des vieilles lignées Cassiennes qu'aux accents modernes des fleurons de notre architecture sur Nexus.

Lorsque je la vis revenir, je compris avec soulagement qu'elle était en train de vérifier mes dires sur son holocron. Je déchantai bien vite.

« Négatif, seconde classe Mureno, aucun message. Une dernière volonté ? »
Pour la seconde fois, le canon de son révolver se leva. Je croyais déceler tout au fond l'éclat léger de la balle fuselée dont le tir allait m'expédier ad patres.

Tududut~.

Je priais avec ferveur, quand nous cillâmes de concert. Sans baisser le bras qui tenait son arme - et dont je notai qu'il ne tremblait pas d'un pouce - la dame regarda le nouveau message qui venait de s'afficher sur son holocron. Un soulagement intense m'envahit quand elle le rangea finalement à sa ceinture, et claqua des doigts vers la plante qui me recracha sans ménagement. Le temps que je reprenne mes esprits, la femme avait disparu. En pestant, je rajustai mes vêtements mis à mal par la mésaventure. Etait-ce là ce que j'espérais en me proposant pour venir travailler au service d'un des plus grands biologistes en flore du Collégium Royal, l'un des esprits qui allaient marquer notre époque ? Je ne m'attendais certes pas à...à...

Elle se tenait de nouveau toute proche, avec entre les mains un plateau de thé. Ses yeux étaient gris, et ses cheveux sentaient l'iris. J'ignore ce à quoi je m'attendais, mais pas à la trouver si digne, ni son visage si parfaitement énigmatique, ni ses gestes si délicieusement retenus...
« Voulez-vous une tasse de thé, seconde classe Mureno ? »

Elle s'éloigna sans attendre ma réponse, portant le plateau, et je marchai en boitillant dans son sillage, irrésistiblement attiré par le flegme tranquille de cette longue silhouette filiforme au pas mesuré.


Dernière édition par Olympe Invictus le 22.06.14 6:55, édité 2 fois
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Message par Olympe Invictus 22.06.14 6:37

A ma grande surprise, c'est au dehors qu'elle déposa son plateau, sur une tablette ronde proche d'un banc de bois dont le siège avait été longuement poli par l'usage.  J'appris, alors qu'elle me priait d'y prendre place, que l'endroit avait été spécifiquement conçu pour accueillir l'époux de la dame lorsqu'il désirait la voir. Je notai que même lui n'osait pas s'aventurer dans l'antre glauque cultivée par sa femme, et je ne pouvais l'en blâmer, mais dame Olympe me détrompa : C'était à sa demande expresse que le professeur Parnasse Invictus était interdit d'entrée dans sa serre. Je déglutis d'ailleurs lorsqu'elle m'expliqua en m'offrant une tasse de thé avec un sourire ineffable que j'avais eu la chance d'éviter dans le noir les pièges à loup dispersés dans l'entrée.

La relation de rivalité conflictuelle au sein du couple Invictus était bien connue des étudiants du professeur Parnasse. Ceux du moins qui avaient connu sa femme à l'époque où elle était elle-même étudiante et avait assisté le scientifique au sein de son laboratoire. On disait sur les bancs de l'université que la demande en mariage s'était résumée à une proposition de partager les locaux à hauteur de la moitié, le jour où ayant terminé ses études, la demoiselle s'apprêtait à quitter le laboratoire. Nul n'aurait su dire ce qui inspira le professeur Parnasse ce jour là, mais la supposition la plus probable est qu'il craignait de manquer de mains pour tenir ses éprouvettes.
Ses espoirs avaient cependant été réduits à néant quand sa dame sitôt mariée avait envahi sa moitié des locaux pour établir une serre, et qu'une guerre sans merci pour la défense des frontières s'était établie entre les deux époux. Selon mes renseignements, le professeur Invictus avait d'abord été fiancé à la soeur aînée de dame Olympe, mais je n'en savais guère plus sur la manière dont il avait rompu le contrat d'intérêt établi par ses parents avec ceux de sa future. Se pouvait-il qu'il l'aime vraiment ?

J'en étais là de mes réflexion lorsque je m'avisai que je tenais ma tasse de thé fumant depuis dix minutes sans alimenter la conversation. Loin de s'en offenser, dame Olympe avait ramené devant moi le siège que j'avais d'abord aperçu devant le bureau, incongru en plein air. Un genou croisé sur l'autre, le coude passé derrière le dossier de sa chaise, elle m'observait, sa tasse en main, avec l'intérêt tout scientifique d'une personne méthodique.
« En vérité, fit-elle après avoir bu à sa tasse, la question est-elle si importante ?
- Je vous demande pardon ?»


Elle avait de ces sourires mondains qui fleurissent avec élégance pour le seul plaisir des yeux. Il y avait cependant dans sa figure quelque chose d'inquiétant, et je notais que de sa posture, l'ombre du soir aiguisait ses traits tandis que la lumière de la lune m'éclairait en plein.
« Vous êtes en train de vous poser des questions qui ne vous concernent pas, seconde classe Mureno. Je vous conseille, afin de bénéficier d'une entente mutuellement profitable, d'éviter de les poser à voix haute.»

Je me le tins pour dit. J'ignore ce qu'elle avait bien pu lire sur ma figure, mais je n'avais plus aucune envie de le lui demander. Alors que j'observais les environs pour meubler le silence, elle parla de sa voix feutrée et basse, m'évitant un nouveau moment d'embarras.
« Veuillez m'expliquer la raison de votre présence, seconde classe Mureno. »

Après une brève lutte avec mon blouson d'étudiant du Collégium, je lui tendis la lettre de recommandation que mon maître de classe avait bien voulu adresser à la dame. Elle la déplia avec soin et la lut sans un mot à la lumière chiche de l'astre. Le simple fait que j'avais été admis dans la mission Nexus était une recommandation en soi. J'étais l'un des meilleurs, et je ne l'ignorais pas. Si ce n'était cette malheureuse tendance à me sentir partout déplacé, et à m'excuser quand on me bousculait, sans doute aurais-je pu prétendre aux meilleures affectations dévolues aux cassiens. Au lieu de cela, je végétais depuis mon arrivée dans des équipes de seconde zones qui n'étaient pas adaptées à l'évolution de mon apprentissage. Apprendre que l'un des professeurs Invictus était arrivé sur Nexus et recherchait un assistant était une chance, surtout quand on  connaissait la propension des étudiants à se rétracter dès que leur nom était prononcé. Sur une longue liste de candidats potentiels, j'étais le seul qui n'avait pas préféré s'attacher à scientifique moins brillant, mais plus abordable.
La dame finit par replier ma lettre avec autant de soin qu'elle l'avait ouverte, et se leva pour aller la déposer sur un tas de papiers méticuleusement classés. Elle ne dit rien tout d'abord, sa silhouette sombre se découpant sur la lune immense de Nexus, le bras levé portant sa tasse à ses lèvres.

« Je vous prends à l'essai, seconde classe Mureno. Vous signerez demain un contrat standard de confidentialité. Je partirai ensuite pour Deradune où les équipes de mon époux se trouvent. En mon absence, vous prendrez soin de Nestor et vous occuperez des affaires courantes de la serre. Vous  veillerez notamment à me faire transmettre en personne tout message émanant d'Aquila Corp.
- Votre holocron...
- Le professeur Invictus interdit les appareils éléctroniques sur ses sites de recherches. »


C'était parfaitement inhabituel. Je calculai déjà les probabilités selon lesquelles j'allais devoir courir dans la savane à la recherche de ma supérieure pour lui transmettre ses messages. Ma grimace ne dû par lui échapper. Par politesse je suppose, elle n'en fit pas état.

Elle avait énoncé l'avenir avec un tel naturel que la question ne me frappa qu'à retardement :

« Qui est Nestor ? »
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