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Ankouro Van Tassel

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Ankouro Van Tassel Empty Ankouro Van Tassel

Message par Ankou 22.07.13 19:15

1) De retour dans les affaires.


« Les voyageurs du vol 1406 à destination de la planète Nexus sont attendus à la porte d'embarquement numéro 6. »

      Le spatioport débordait de monde, ce jour là. Nexus faisait de plus en plus parler d'elle, une nouvelle planète pleine de promesses pour beaucoup de gens. Ils étaient nombreux à s'y rendre, venant des quatre coins de l'univers connu pour y trouver du travail, un foyer, mais en particulier bien sûr pour fuir l’oppression installée par l'Empire. Le port était en réalité une plate-forme de transit, aménagée dans les décombres d'un établissement qui fut sans doute très luxueux à son époque, à la surface d'une minuscule lune. C'était l'endroit rêvé si l'on voulait travailler en toute discrétion, loin de l’œil furtif du Dominion.
      Le quai d'embarquement numéro 6 accueillait des voyageurs de tous horizons, mais plus particulièrement des personnes invalides, des blessés, des personnages âgées, des enfants et même quelques femmes enceintes, qui espéraient tous trouver un peu de réconfort sur Nexus. Il y régnait la guerre, bien entendu, mais c'était toujours mieux que de voguer à la dérive dans l'espace, à bord d'un vieux cargo sur le point d'exploser et en proie à une mort certaine.

      Patty Ratchett, une jeune humaine récemment engagée dans l'Armée des Exilés, était assignée à l'embarcation. Elle s'occupait de vérifier l'identité des voyageurs et s'assurait qu'ils ne transportent rien de dangereux pour le long périple qui les attendaient, les armes n'étant pas autorisées à bord, exception faite des deux soldats qui les accompagnaient ce jour là et qui assuraient le service de sécurité. Elle en avait déjà croisé, des voyageurs énervants, mais ce vieux Mordesh commençait à sérieusement lui taper sur le système.

  - Pour la dernière fois, monsieur, je vous assure qu'il ne s'agit que d'un simple détecteur de métaux, vous ne serez pas désintégré en passant au travers !
  - Alors pourquoi m'avoir fait signer cette décharge stipulant que vous déclinez toute responsabilité en cas d'incident ?
  - C'est une simple mesure de prévention. Maintenant avancez, s'il vous plaît !, lui vociféra-t-elle, rapidement accompagnée par les autres voyageurs qui attendaient toujours de pouvoir embarquer. Vous bloquez la file depuis une vingtaine de minutes !
  - Très bien, très bien, il est inutile de s'énerver !

      Le vieillard soupira et déposa sa valise ainsi que sa canne sur le tapis roulant, puis passa le détecteur de métaux. Ce dernier resta muet, à son grand soulagement. Le Mordesh était habillé d'un épais manteau de fourrure mité posé sur ses épaules, et portait de petites lunettes rondes cerclées de fer sur le bout de son nez. Ses cheveux étaient en bataille, coiffés vers l'arrière, et il serrait une pipe fumante entre ses dents. Il se tenait le dos courbé, et marchait en laissant un peu traîner sa jambe gauche derrière lui. Sa peau était ridée et craquelée par endroit, marquée par le temps et la maladie, mais son regard était resté vif.
      Alors qu'il s’apprêtait à récupérer son bagage et sa canne, un garde l'interpella.

  - Monsieur Van Tassel ?
  - Oui mon garçon ?
  - Je suis désolé, vous ne pouvez pas embarquer avec votre canne. Elle est en métal et est considérée comme une arme contondante.
  - Mé... métal ? Ankouro sa passa la main sur le visage. Jeune homme, ceci est une canne en Volcanite, l'un des métaux précieux les plus rares de la galaxie, collecté dans les gouffres de magma en fusion des volcans de la planète Lavarosa, dont il ne reste plus aujourd'hui que quelques miettes éparpillées à travers le cosmos.
  - Navré monsieur, ce sont les directives, je ne peux autori...
  - Je... je vous en prie, coupa Ankouro. C'est le seul souvenir qu'il me reste de ma femme... je vous en prie, ne me l'enlevez pas... balbutia-t-il.

      Le Mordesh baissa la tête, et soupira longuement. Le garde, ne sachant pas trop quoi faire, prit quelques instants pour réfléchir.
      Il repensa à la terrible épidémie qui s'était répandue il y a de nombreuses années à la surface de la planète Grismara. La quasi-totalité de la population avait été décimée, et les quelques milliers de survivants furent obligés de tout abandonner derrière eux, famille et possessions. Enfin, dans la mesure où l'on peut les appeler des "survivants". Il ignorait s'ils étaient tout simplement très malades, ou réellement morts. Il n'avait d'ailleurs pas franchement envie de le savoir, trop y penser lui donnait mal à la tête. Il dévisagea le Mordesh quelques instant, puis finit par relâcher la canne et la rendit à son propriétaire, qui le remercia longuement avant de finir par s'éclipser en claudiquant dans le couloir d'embarquement qui menait au vaisseau.

  - Le planète Lavarosa... Pfffrt ! marmonna Ankouro sans pouvoir réprimer un léger fou rire.

      Il salua les deux soldats Granoks postés à l'entrée du vaisseau, et quelques minutes plus tard, il se retrouva confortablement installé sur un fauteuil de cuir, entouré de plusieurs dizaines de passagers. Des humains, des Aurins, une poignée de Granoks et quelques Mordesh, tous plus misérables les uns que les autres, contraints de n'emporter avec eux que leurs biens les plus précieux.
Le LJS Memory n'allait plus tarder à décoller, et d'ici une petite demi-douzaine d'heures, il atterrirait à la surface de Nexus.


* * *


« Mesdames et messieurs, ici votre commandant de bord. Nous amorçons lentement notre descente vers la planète Nexus et atterrirons d'ici une petite heure aux environs de la ville de Gallow. La température extérieure frisant le zéro absolu, je vous invite à laisser vos hublots fermés... Hahaha, non, je plaisante. Enfin... ne les ouvrez pas. Bon vol. »

      Dans son ensemble, le vol s'était plutôt bien déroulé jusqu'à présent. Aucun champ d’astéroïdes, aucune visite inopinée de l'Empire, aucune monstre spatial gigantesque dévoreur de vaisseau spatial. Il n'y avait qu'une seule personne à bord du LJS Memory qui regrettait plus que tout d'avoir embarqué ce jour là. Et cette personne, une vieille dame Aurin dont les oreilles n'étaient pas sans rappeler celles des chauves-souris, était assise à côté d'Ankouro Van Tassel. Cela faisait une bonne trentaine de secondes qu'elle appuyait frénétiquement sur le bouton d'appel de l'hôtesse.

  - Et c'est à ce moment là que j'ai bondi, plus de trente mètres de haut, rendez-vous compte ! J'ai plongé mon épée-laser dans le corps de la limace géante, et l'ai pourfendu de part en part ! J'en ai récolté bien des honneurs, les autochtones me considèrent d'ailleurs encore comme un héros.
  - Un problème, madame ?, demanda l'hôtesse qui venait d'arriver.
  - Je... je vous en prie, faites-le taire ! hurla l'Aurin. Ça fait trois heures que j'écoute ses histoires ridicules, trois heures que je lui demande le silence ! Et il parle, il parle, sans jamais s'arrêter !

      Plusieurs autres passager se tournèrent alors en direction de l’hôtesse, visiblement tous très agacés.

  - Et dites-lui d'arrêter de raconter des histoires de crash aux enfants !
  - Confisquez-lui son banjo, ou je le lui casse sur la tête !
  - Il empeste toute la cabine avec sa pipe !
  - Il me lance des coquilles de pistache sur la tête, c'est lui, je l'ai vu faire !

      Le regard sévère et passablement exténué de l'hôtesse se posa lentement sur Ankouro, qui s'enfonça dans son siège en un regard désolé, marmonnant quelques excuses confuses et inintelligibles.

  - Monsieur Van Tassel, je suis venu vous avertir une bonne quinzaine de fois déjà, il n'y en aura pas de supplémentaire. Je ferais appel au service de sécurité si vous m'y obligez, suis-je bien claire ?
  - P... parfaitement claire, oui, bredouilla le Mordesh.

      Alors que l'hôtesse s'apprêtait à poursuivre son sermon, une détonation se fit entendre de l'autre côté de l'appareil, et le vaisseau eut un léger soubresaut. Quelques secondes plus tard, deux soldats Granoks armés de lourds fusils - ceux-là même en charge de la sécurité à bord – passèrent la porte du sas qui sépare la cabine de pilotage de celle des passagers. L'hôtesse accourra en leur direction, mais elle n'eut pas le temps de leur demander ce qu'il venait de passer. L'un des Granoks leva son fusil, et en écrasa violemment la crosse sur le crâne de la jeune femme, qui s'effondra inconsciente. Les passagers se mirent à hurler de terreur, mais la voix grave et puissante du soldat suffit à les faire taire immédiatement.

  - Mesdames et messieurs, je vous demande votre attention, ceci est un détournement, dit-il en esquissant un large sourire.


* * *


      Ankouro était silencieux, impassible. La vieille Aurin assise à ses côtés ne cessait de pleurnicher, ce qui l'empêchait de réfléchir. Ces gens ne savent donc pas se contrôler, se demanda-t-il ? L'un des Granoks, le plus grand des deux, faisait des allers-retours entre les sièges des passagers, et son compère prit la parole.

  - Il est inutile de vous inquiéter, vous arriverez à bon port sains et saufs tous autant que vous êtes, à condition que vous coopériez. Mon collègue va passer parmi vous avec un sac, vous y déposerez tous les objets de valeur en votre possession. Bijoux, argent et tout ce qui est susceptible de s'échanger contre de l'or. Le premier qui essaye de faire le malin, je lui fait faire le grand saut, c'est bien compris ? ajouta-t-il en pointant son menton en direction de l'écoutille sur le côté de l'appareil.

      A ces mots, la vieille Aurin s’effondra à nouveau en sanglots, et se mit à balbutier à voix basse en direction d'Ankouro.

  - Mon dieu, c'est horrible, horrible, je ne veux pas mourir !, dit-elle en se mouchant bruyamment.
  - Personne ne va mourir, cessez de geindre.
  - Qu'est ce qui vous fait dire ça ? Le pilote est sans doute des leurs !
  - Je ne pense pas.  Ils ont soudé la seconde porte du sas qui mène à la cabine de pilotage, et ils y ont sans doute enfermé tout le reste du personnel, nous débarquerons bien à Gallow.
  - Mais.. c'est ridicule, il se feront intercepté dès notre arrivée.
  - Regardez, ils portent tous les deux des parachutes. Je pense qu'une fois que nous serons à basse altitude et que nous aurons perdu de la vitesse, ils ouvriront l'écoutille et s'échapperont par les airs.
  - Un commentaire à faire, le vieux ?, dit le Granok qui était arrivé à leur niveau. Il tenait un sac bien rempli entre ses mains, regorgeant de bijoux, de pièces d'or et d'argent, de quelques étoffes précieuses, des cadres de photos ouvragés et autre objets sans grandes valeurs si ce ne sont celles des sentiments.
  - Aucun, aucun, répondit le Mordesh en baissant la tête.
  - Alors tais toi, et vide tes poches.

      A contrecœur, Ankouro engouffra ses mains dans les poches de son manteau et en extirpa le contenu. Il plaça dans le sac divers objets, dont le plus notable était un médaillon doré de forme circulaire, de ceux que l'on peut ouvrir pour y glisser deux portraits en vis à vis. Le Granok l'examina un moment. Profitant que le soldat était occupé à essayer d'ouvrir le médaillon, Ankouro déploya sa jambe, et écrasa son pied sur celui de l'Aurin qui laissa échapper un cri aigu de douleur. Le Granok tourna la tête vers elle, et Ankouro s’empara de sa canne jusqu'alors inaccessible pour frapper son ravisseur d'un geste vif. Mais le résultat ne fut pas celui escompté.

      La canne ne se brisa pas, pas plus que l'omoplate du Granok. La barre de "volcanite" se contenta de vrombir en un bourdonnement sourd, imposant le silence dans la cabine. Le géant se redressa, passa sa main sur son épaule à peine douloureuse, et lança un regard meurtrier au mort-vivant qui s'enfonça à nouveau dans son siège d'un air désolé, sous le regard médusé de l'assistance. Sans dire un seul mot, le soldat attrapa Ankouro par le col, et le traîna jusqu'au niveau de l'écoutille.

  - J'ai tout ce qu'il faut, on peut y aller, dit-il à son compère. Et celui-là nous accompagne.
  - Non arrêtez, s'il vous plaît, je suis trop jeune pour mourir !
  - Ho, tu ne vas pas mourir, pas tout de suite en tous cas, répondit le deuxième soldat, occupé à desserrer l'écoutille qui finit par s'ouvrir, laissant s'engouffrer un vent violent et glacial dans l'appareil.
  - On va prendre soin de toi, tu verras !

      A peine eut-il le temps de terminer sa phrase qu'il serra vivement Ankouro contre son torse et sauta , suivit de prêt par son complice.
      A l'intérieur du vaisseau régnait un silence interdit, rapidement brisé par un hurlement effrayant qui se fit de plus en plus lointain. Celui d'un Mordesh qui tombait dans le vide.


* * *


  - Tout va bien, monsieur Van Tassel ?
  - On ne peut mieux, mon garçon ! Mais ne me serrez pas aussi fort, j'aimerais autant pouvoir atterrir en un seul morceau !, répondit le mort en hurlant afin de se faire entendre.

      Un vent glacial fouettait le visage d'Ankouro tandis que la terre ferme se faisait de plus en plus proche. Il serrait vivement sa canne d'une main, et de l'autre s'assurait que le sac de butin ne s'envole pas. Quelques mètres plus haut, le deuxième Granok leva un pouce en direction de son complice, et tous deux déployèrent leurs parachutes.

  - Nous avons sauté un peu trop tôt ! Nous allons atterrir dans les montagnes qui entourent le Septentrion Sauvage, monsieur Van Tassel.
  - Tant mieux, c'est bien plus isolé que sur le continent, vous n'aurez pas de mal à vous y faire discrets pendant quelques temps !

      Quelques secondes plus tard, ils se posèrent sans trop de difficultés au milieu d'une petite colline parsemée de sapins d'un blanc immaculé. Sous leurs yeux s'étendaient des pics enneigés à perte de vue, et au loin ils aperçurent ce qui semblait être un campement de fortune installé non loin des débris encore fumants de trois petits croiseurs stellaires exilés.

  - C'est de l'excellent travail, messieurs, je n'aurais pu espérer mieux ! Je savais que je faisais le bon choix en vous engageant.
  - Merci, répondirent à l'unisson les deux Granoks, tout en inclinant la tête en direction du Mordesh.
  - Tout s'est déroulé selon le plan ?
  - Tout, monsieur.
  - Qu'avez-vous fait des deux vrais soldats ?
  - Assommés et ligotés de les toilettes de service du spatioport, comme vous l'aviez demandé.
  - Votre brouilleur a été très efficace, nous n'avons intercepté aucune communication entrante à bord de l'appareil.
  - Et le personnel de bord ?
  - Ils sont enfermés dans le cockpit, mais n'aurons aucun problème à atterrir. Et l'hôtesse devrait récupérer assez rapidement de son coup à la tête.
  - Parfait, tout est parfait ! Aucun mort, le butin est conséquent,  et ma – future - réputation est sauve. Tout le monde y est gagnant, au final... enfin, sauf ces pauvres gens qui viennent de se faire piller, bien entendu, dit-il en ricanant.

      Le butin fut partagé en quatre part égales. En apparence, en tout cas. Il faut s'y connaître un minimum en joaillerie pour savoir que la pierre qui brille le plus n'est pas forcément la plus précieuse. Fort heureusement pour Ankouro, les Granoks n'en savaient rien. Une part pour chaque mercenaire, donc, et deux pour le Mordesh. Après tout, c'était lui qui avait tout organisé, il le méritait bien... c'est en tous cas ce qu'il réussit à leur faire croire.

  - Cela étant fait, je vous remercie une dernière fois. Je vais attendre un peu et rejoindre le campement que j'ai aperçu à quelques kilomètres d'ici. Je leur expliquerai ce qu'il s'est passé, en arrangeant un peu la vérité, bien entendu. En ce qui vous concerne, tâchez de vous faire discret quelques temps, et quittez la région au plus vite si vous voulez éviter les ennuis.

      Les trois compères se saluèrent, en se promettant de retravailler ensemble dès que l'occasion de présenterait à nouveau, et tous les trois partirent de leurs côtés. Ankouro prit soin de cacher consciencieusement sa part du butin, à l'abri des regards indiscrets, et quelques heures plus tard il rejoignit le campement. Le Mordesh se fendit d'un regard malicieux. Il pourrait bientôt reprendre ses activités de prêteur sur gage. Il était de retour dans les affaires.


Dernière édition par Ankou le 22.03.14 0:26, édité 4 fois
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Message par Ankou 22.03.14 0:41

2) On ne menace pas un Van Tassel.


- Un seul ''T'', deux ''S'' et un ''L'' à la fin.
- J'ai bien compris comment s'épelait votre nom de famille, peut-on revenir à ce qu'il s'est passé exactement ?
- Comme je vous l'ai dit, ces deux brutes m'ont éjecté hors de l'appareil, en plein vol ! L'un deux m'avait solidement agrippé, et quelques instants plus tard, nous étions sur la terre ferme. Un vent violent soufflait à ce moment là, et nous nous sommes retrouvés emmêlés sous la tenture des parachutes ! Et j'en ai donc profité pour m'échapper ! J'ai erré à travers bois pendant des heures et des heures, transit par le froid, jusqu'à ce que je trouve votre campement, quelques minutes à peine après m'être résigné à boire ma propre urine pour ne pas succomber à cette terre hostile, quel mauvais coup du sort !
- À quoi ressemblaient les deux Granoks ?
- Regardez, j'en ai des gerçures sur la plante des pieds !

Le lieutenant Danny Marrow se passa la main sur le visage tandis que le Mordesh assis en face de lui entreprit de retirer sa botte. Il frappa du poing sur la table, et aussitôt, Ankouro Van Tassel se rechaussa.

- Il y en avait un très grand, tout en pierre sombre. La moitié de son crâne était arrachée, comme si un obus lui était tombé dessus ! Et l'autre, un peu plus petit, portait une moustache de feuilles brunes entortillées. Ils étaient tous les deux habillés de combinaisons de l'armée Exilée.
- Et le butin ?
- J'étais un peu trop préoccupé par ma propre survie pour prendre le temps de ramasser ces babioles sans importances, vous m'excuserez du peu.

À ces mots, un jeune soldat entra dans la tente où Ankouro était interrogé depuis plusieurs heures maintenant, et chuchota à l'oreille du Lieutenant, avant de repartir aussi vite qu'il était arrivé.

- Bien, nous avons reçu confirmation que la navette était arrivée sans encombres à Algoroc.
- Vous m'en voyez rassuré !
- Merci pour votre témoignage monsieur Van Tassel, vous pouvez partir. Mais restez dans les environs, sait-on jamais, nous pourrions encore avoir besoin de vous...
- Milles mercis, je ne quitterais pas le Septentrion Sauvage jusqu'à ce que vous me l'ayez autorisé, Lieutenant. Ankouro se redressa, et salua son interlocuteur.
- Oui, oui, rompez...

Le Mordesh s'éloigna du campement de fortune de quelques centaines de mètres, assez loin pour ne pas être dérangé. Il se posa lourdement sur un rocher, au centre d'une vallée enneigée, à l'écart de tout, et il tira une longue bouffée sur sa pipe. Il n'aimait pas ça. Il avait bien compris que les soldats ne lui faisaient pas entièrement confiance, et cela le contrariait. Il savait jouer les imbéciles, mais cela n'avait visiblement pas été suffisant. Il souhaitait quitter au plus vite cette région inhospitalière afin de rejoindre un semblant de civilisation et se relancer dans les affaires, mais il ne pouvait pas se permettre d'attirer encore plus l'attention sur lui. Il fallait rester, et attendre.

Il faisait froid, extrêmement froid. Un soleil pourpre n'allait pas tarder à se coucher à l'horizon, et de larges flocons se mirent à tomber. Le silence qui régnait n'était troublé que par le crépitement des braises incandescentes de la pipe du Mordesh, perdu dans ses pensées.

Quelqu'un lui tapota soudain l'épaule. Ankouro tourna la tête, et se retrouva nez à nez avec un Aurin. Ce dernier devait avoir une vingtaine d'années, une épaisse tignasse lui recouvrait la majeure partie du visage, de longues oreilles se dressaient au sommet de son crâne, et sa fourrure était d'un bleu pâle. Il restait silencieux, sa tête à quelques centimètres à peine du Mordesh qui retenait sa respiration... jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus. Il cracha un épais nuage de fumée grisâtre au visage de l'Aurin, qui recula de quelques pas, prit d'une violente quinte de toux.

- Que me vaut ce plaisir ?, lança Ankouro à l'inconnu, occupé à battre des mains devant lui pour dissiper la fumée.
- Je sais ce que vous avez fait.
- J'ai fait tant de choses, jeune homme, si vous voulez un autographe, contactez ma secrétaire. Si vous la retrouvez, profitez-en pour lui dire que je ne lui paierai pas ces treize années d'absence.
- J'étais en reconnaissance, dissimulé dans les arbres quand vous avez atterris avec les deux Granoks.
- Ho... voyez-vous ça...

Ankouro se leva, faisant craquer quelques os au passage, et lança un regard glacial à l'Aurin, le surplombant de toute sa hauteur. Ce dernier lui répondit d'un sourire, et sortit une pomme de l'une de ses poches, dans laquelle il croqua bruyamment.

- Ce serait dommage que quelqu'un aille raconter ça au Lieutenant, n'est-ce pas ? Je veux dire... il me connaît bien, il me fait confiance... Vous vous n'êtes qu'un vieux fou débarqué d'on ne sait où.
- Vous n'avez aucune preuve, rétorqua le Mordesh en grommelant.

Le jeune Aurin tendit alors son poignet, dévoilant un bracelet électronique, sur lequel il pressa une série de bouton. Un cône holographique en jaillit alors, et à sa surface, de petits personnages se mirent en mouvement. Ankouro s'y reconnu, discutant d'une voix suraiguë avec deux Granoks miniatures. Il s'entendit leur demander si tout s'était bien déroulé selon le plan, et s'y vanter d'avoir tout organisé. Et la conversation repassait en boucle, sous le regard hilare de l'Aurin, tandis que ce qu'il lui restait de sang bouillonnait dans les veines du Mordesh. Il tira alors frénétiquement sur sa pipe, libérant de nombreuses volutes de fumées grises, à l'odeur âcre et rappeuse, si bien que l'on aurait pu penser que le brouillard s'était levé.

- Calmez-vous, papi. Si ça peut vous rassurer, votre plan était vraiment bon ! Je me suis juste trouvé là au mauvais moment, le pur fruit du hasard !
- Qu'est ce qui m'empêche de vous éventrer, là, tout de suite ?
- Ne me prenez pas pour un amateur non plus, vous vous doutez bien que j'ai pris soin de faire des copies de l'enregistrement, et du renfort pour les transmettre au Lieutenant en cas de pépin.
- Alors qu'est ce que vous voulez, au juste ?, lança Ankouro d'un regard noir.
- Je vous échange l'enregistrement contre votre précieux butin, que je n'ai pas réussi à localiser malgré de longues heures de recherche.
- Qu'est ce qui me dit que je peux vous faire confiance ?
- Rien. Mais il semblerait que ce soit votre seule option.
- Il semblerait, en effet.

Ankouro se racla la gorge, et se mit à faire les cents pas, les yeux clos et ses mains jointent dans son dos. Après de longues secondes de réflexion, il s'arrêta enfin, et fit lentement couler sa mire en direction de l'Aurin, à qui il tendit la main.

- Soit. J'accepte, lança-t-il froidement, tandis que son maître-chanteur lui serrait la main d'une mine enjouée.


* * *

Un feu de camp crépitait joyeusement au centre de la caverne verglacée. Ça et là étaient disposés des caisses de fournitures vides, des vieux restes de nourriture en décomposition, ainsi que deux lits de paille, recouverts d'une couverture mitée qui avait du être propre, en un temps lointain. Occupées à se réchauffer près du feu, deux jeunes Aurins levaient des verres fendus, à moitié rempli de mauvais ratafia.

- À la victoire !, scanda le premier.
- À la richesse !, répondit le second, en faisant tinter son verre.
- Mon frère, quelque chose me dit que s'en est enfin terminé de cette vie de misère !
- Le magot est à ce point impressionnant ?
- D'après ce que j'ai pu voir, il suffira largement à nous payer une bonne chambre d'auberge pour plusieurs mois, et surtout à nous faire manger chaud matin, midi et soir !

Les Aurins s'enlacèrent. Les deux frères vivaient depuis de nombreux mois maintenant au fond de cette caverne lugubre, et rien ne pouvait leur faire plus plaisir que la simple idée de s'asseoir devant un bon bol de soupe.

- Bon, j'ai donné rendez-vous au vieux à l'endroit où il a atterrit avec les deux Granoks. Je vais me mettre en route. Toi, tu restes ici, et tu surveilles les copies de l'enregistrement. Quand je serais sûr qu'il ne tentera pas un coup fourré, je l’amènerai ici, et on fera l'échange.
- Compris. Fais attention à toi.

Les frères se saluèrent, et le plus vieux des deux se mit en route vers le lieu de rendez-vous.


* * *

L'Aurin patientait depuis une bonne vingtaine de minutes lorsqu'Ankouro se montra enfin. Peu rassuré, le Mordesh serrait le sac de butin entre ses doigts en dévisageant son maître-chanteur. Comment une si petite créature pouvait être à ce point fourbe et méprisable, se demanda-t-il ?

- Ha enfin ! J'ai failli attendre...
- Hola, un peu de respect, jeune avorton. Je n'ai peut-être plus soixante-dix ans, mais je peux toujours vous donner une correction, il suffit de me trouver une bonne badine !
- Au moins tu n'as pas perdu le sens de l'humour... C'est le butin ? demanda l'Aurin en laissant couler son regard sur le sac. Tout y est ?
- Tout y est, oui. Mais je ne suis pas sûr que cela corresponde exactement à ce dont vous vous attendiez.
- Qu'est ce que c'est censé vouloir dire ?
- Regardez par vous-même.

L'Aurin leva un sourcil, interloqué, et s’empara du sac que lui tendait Ankouro, immédiatement surpris par sa légèreté. Il recula d'un pas, s'attendant au pire.

- C'est un coup fourré ? Qu'est ce qu'il y a dans ce sac ?
- Le butin. Enfin, un butin. J'aime bien rapporter un souvenir de mes expéditions en campagne. Mais ouvrez-le donc, allez-y ! Ça ne va pas vous tuer, je ne suis pas idiot ! Si cela avait été mon intention, je vous aurais mitraillé en me cachant dans un de ces bosquets aux alentours.

Peu rassuré, l'Aurin détacha lentement la corde qui fermait le sac, avant d'y jeter un œil. Lorsqu'il comprit la nature de son contenu, il eut un vif mouvement de recul, et jeta le paquet à terre. De la paille, maculée de sang frais, dans laquelle étaient enveloppées deux longues oreilles au pelage verdâtre. Le Mordesh se pencha pour ramasser les deux appendices, qu'il se mit à secouer entre ses doigts, en direction de l'Aurin.

- Dis bonjour à ton petit frère, Tymmo, dit-il en ricanant, tandis que l'Aurin s'écroula, profondément choqué. Si cela peut te rassurer, il n'a pas souffert... du moins jusqu'à ce que je lui arrache ces deux exubérances auditives, et que je ne lui fracasse le crâne contre un rocher !

Tymmo n'en revenait pas, et du se retenir pour ne pas vomir. Jamais il n'aurait pensé que ce vieux fou irait aussi loin, jamais il n'aurait imaginé que la situation dégénérerait à ce point. Il n'avait même plus la force de se relever ou de s'en prendre au Mordesh, sa vision était trouble, sa gorge sèche. Randal était mort, tout était de sa faute, et il allait s'en vouloir toute sa vie. Ankouro fit alors demi-tour, après avoir lancé ses deux trophées au visage du jeune Aurin.

- Souviens toi que ce n'est jamais une bonne idée de s'en prendre à un Van Tassel, surtout quand il n'a plus rien à perdre. Ho, et pense à effacer tes traces de pas la prochaine fois que tu essayes de faire chanter quelqu'un, c'est toujours pratique pour éviter de se faire suivre, conclut-il en ricanant, avant de disparaître dans la brume.


* * *

Tymmo courrait, aussi vite qu'il le pouvait. Il fallait qu'il rentre au plus vite à la caverne, qu'il réunisse ses affaires et quitte à tout jamais le Septentrion Sauvage. Le vieux Mordesh avait visiblement plus d'un tour dans son sac, et il voulait éviter de connaître le même sort que son frère. Il ignorait encore comment il allait réagir en découvrant son cadavre mutilé. Mais le temps pressait, il allait devoir se contenter de lui offrir une simple couverture de rochers en guise de sépulture.

L'Aurin arriva enfin à l'entrée de la caverne. Tandis qu'il traversait le long couloir qui menait au centre de la grotte, il entendit un bruit étouffé. Sans doute le Mordesh qui était revenu finir le travail. Il décrocha délicatement son coutelas de sa ceinture, et avança à pas de loup, afin de surprendre le mort et mettre un point final à toute cette histoire.

Mais aucune trace du Mordesh. Il découvrit son jeune frère, ligoté et bâillonné sur son lit de paille, ses deux oreilles en parfait état, occupé à gesticuler dans tous les sens, le regard brillant. Tymmo resta quelques instants sans bouger, avant de se remettre de ses émotions et de courir au secours de son frère.

- Randal, bon sang, tu vas bien ? Mais qu'est ce qui s'est passé !, lança-t-il, tout en rompant les liens de son frère à l'aide du coutelas.
- Tymmo ! C'est un malade ce type ! Tu venais à peine de partir qu'il est apparu, je ne l'ai même pas entendu arriver !
- Calme-toi, raconte moi tout.
- Il se tenait à l'entrée du couloir, commença-t-il en reprenant son souffle. Il a commencé à me raconter que tu t'étais mis dans de mauvais draps en te mêlant de ses affaires, et il m'a demandé nos noms. J'ai refusé de lui répondre et ça l'a énervé. Il s'est approché de moi et à commencé à me piquer avec sa canne ! Je comprenais pas trop en quoi ce vieux débris pouvait représenter une quelconque menace, et j'ai pas vu le coup arriver. Il m'a frappé en pleine tête, et en a profité pour m'entraver. Il a recommencé à me piquer avec sa canne, c'est devenu vraiment très désagréable, alors j'ai fini par lui donner nos noms ! Il a récupéré les enregistrements holographiques, et il est partit en ricanant...
- C'est tout ? Rien d'autre ?


* * *

Quelques centaines de mètres plus loin, Ankouro était assis face à un bon feu de camp, en pleine discussion avec son repas du soir, qui cuisait lentement à la broche.

- Et avant de partir, je lui ai dit : "Randal, vous et votre frère travaillez pour moi, désormais ! Pour votre propre sécurité, je vous conseille d'accepter !" Classe, hein ? J'ai essayé de me retenir de ricaner, mais ça a été plus fort que moi. Enfin... tu ne peux pas comprendre, tu n'es qu'un Jabbit après tout. Et en plus, tu n'as plus d'oreilles.
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