Maguelone Zamyoski

par **Rosaline Irwin** 29.10.15 17:52

Où tout à commencé.

La tête explosa en une gerbe écarlate, maculant la robe de Maguelone de tâches originales. Dans sa demi torpeur dû à l'alcool, la jeune mordesh était hypnotisée par le dessin sanglant que formait le corps gisant à ses pieds. Elle n'aurait su dire ce qui se passait exactement, mais autour d'elle c'était le chaos le plus total. Les cris et les tirs étaient balayés par la musique et les lumières clignotantes de la piste de danse, l'enveloppant dans une torpeur qui anesthésiait tout : sa raison aussi bien que sa peur.
Près d'elle quelqu'un lui criait quelque chose. Un soldat. Mais que faisait-il donc là au mariage de sa sœur ?

- … devons partir sur le champ !

Il lui disait vaguement quelque chose. N'était-il pas un garde du laboratoire de sa mère ? Peut être... Comment s'appelait-il déjà ? Pavel, oui c'est ça, Pavel Yurov. Elle s'en souvenait car il avait toujours l'air d'être en colère contre quelque chose, les sourcils froncés.

- Mais bougez donc de là !

Maguelone sursauta. Oui, il fallait partir. Elle avait vraiment abusé de ce vin. Mais il était si délicieux ! Elle s'était laissée emporter dans le cocon capiteux des tentacules de son rouge velours et... mais qu'est ce ?.. Le garde la tirait par le coude, elle trébucha sur sa longue robe, un fuseau de soie qui avait coûté une fortune et qui était à présent bel et bien foutu, et se rétablit par miracle alors que Pavel tirait et tirait encore, l’entraînant toujours plus loin dans les couloirs de la grande demeure. Traversant une véritable vision d'horreur qui ne réussit pas vraiment à la dégriser, elle se rendait vaguement compte qu'ils suivaient les froufrous et la queue de pie des jeunes mariés jusqu'à la... bibliothèque ?

….

Maguelone ouvrit les yeux, elle n'aurait pas dû. Le flash de la chiche lumière bleuté près d'elle suffit à l'aveugler et a lui faire tourner la tête, aggravant la céphalée qui lui broyait les méninges. Refermant aussitôt les paupières, elle grogna. Où étaient donc ses lunettes ?
Se redressa d'un bond pour partir à leur recherche, les paupières toujours closes, elle se cogna sévèrement la tête à un lourd fauteuil. Elle grogna encore et porta la main à son crâne qui saignait maintenant abondamment d'une plaie vers l'os pariétal. Le tremblement dans ses doigts fut la seule concession à l'inquiétude. Hémophile depuis toujours, elle avait prit l'habitude de ce sentiment et s'en était détachée depuis longtemps.
Terminant de s'asseoir sur un épais tapis, elle sentit la brise rafraîchissant d'un aérosol dont on l'aspergeait à foison. Elle n'était pas seule, elle prenait soudainement conscience des bruits autour d'elle. Des chuchotements, des pleurs, une crise d'hystérie un peu plus loin et par delà tout ceci, des cris dégénérés.

- Tâchez de ne pas mourir. Nous avons suffisamment à faire.

Avec un étrange mélange de délicatesse et de brusquerie, on lui remonta les lunettes sur les yeux, serrant la sangle pour les maintenir en place. L'aérosol médical avait pansé sa plaie et elle pu porter enfin son regard sur Sergueï, son beau frère. Accroupi près d'elle, il tenait une pile de couvertures de livres arrachées et sans plus un mot se redressa pour rejoindre sa femme.
Illyana était en pleine activité fébrile. Elle ne ressemblait plus à une meringue, les volants de sa robes avaient été arraché et son voile gisait plus loin. Ne trouvant pas encore la force ni le courage de se lever, Maguelone se traîna à quatre pattes vers elle pour l'aider.