[Dominion] Manivaeta

1. Le déshonneur.

L'histoire de Manivaeta commence à l'age de 12 ans, partie avec son frère pour sa première grande Chasse. Il n'était plus question de traquer un animal, mais un véritable adversaire. Accompagnés de leur père, les jeunes drakens pistaient des mercenaires depuis plusieurs jours. Hélas le manque d'expérience des jeunes chasseurs leur coûta très cher. Repérés, ils furent pris en embuscades. Un combat à trois contre quinze et bien qu'Azragoz, leur père se soit battu avec une rage dont seuls les guerriers drakens peuvent faire preuve ça ne fut pas suffisant. Peut-être que seul il en serait venu à bout, peut-être que seul il s'en serait sorti. Mais ses enfants étaient son point faible et voir son jeune fils tomber sous les coups lui fit perdre la raison, devenant incontrôlable, aussi dangereux pour lui-même que pour les autres. Une folie furieuse dont un tireur éloigné profitât pour le mettre à terre à son tour.

Au sol, mais pas mort... Manivaeta, maintenue, pas assez forte, fut contrainte à regarder la mise à mort et la lente agonie de son père. Déjà au fond d'elle-même, la sensation du déshonneur pour avoir été prit grandissait, mais ce n'était pas le sentiment qui serait le plus marquant pour elle. L'absence totale de respect des maraudeurs pour leur ennemi la paralysait d'effroi. Elle a qui ont avait toujours appris à respecter son adversaire, était confrontée à une réalité toute autre... la cruauté, le sadisme, la perversion... Une fois Azragoz mort, ils portèrent leur attention sur elle...

Elle ne se souvient plus combien de fois ni combien de temps... Elle a oublié la douleurs des coups... Il n'y a que quelques morceaux de visages, des sourires malsains, des rires gras, des haleines fétides... elle ne fixait qu'une chose...  Ce blason sur une des caisses de leurs campement.
Un crane, cerclé d'un engrenage et orné d'un éclair... Elle ne l'oublierais jamais...

Ils étaient parti la laissant pour morte, déjà les Rapaces se regroupaient, fixant leur futur festin. Manivaeta, le sentait, et n'attendait plus rien d'autre que la fin. Mais dans le vacarme des oiseaux nécrophages s'en allant effrayés ce ne fut pas la mort qui se penchât sur elle, mais un guerrier, un draken. Contre toute attente, au lieu de lui donner une mort rapide, il souleva son corps brisé du sol, la douleur fut si forte qu'elle perdit à nouveau connaissance... C'était il y a 10 ans.  

2. Le duel.

Les tambours résonnent dans une savane asséchée par le soleil. Le rituel de la fin de la saison de la chasse va se terminer. Comme à chaque rituel, dans ce village, il ne restait que deux chasseurs en compétition. Et il ne pouvait y avoir qu'un seul champion. Pour déterminer lequel des deux serait le vainqueur ils allaient s'affronter dans ce qu'ils appelaient le Cercle du Destin.


Ok'mar était le champion de l'avant dernière saison, il n'avait pu être présent la dernière fois car il était parti combattre pour le Dominion. Il était revenu victorieux et venait revendiquer son titre. Malgré sa masse imposante il entra dans l e cercle d'un pas pressé. Le guerrier avait hâte de faire cesser les rumeurs et cette farce qu'était l'actuel champion. Sa rage était palpable, il attendait, faisant les cents pas comme un animal en cage, prêt à en découdre et elle montât encore d'un cran quand elle posa les pieds dans ce même cercle. Tous les habitants du village étaient présent, enfants, adultes, anciens. En ce jour toutes les activités quotidiennes s'étaient arrêtées pour ce moment important qu'aucun draken n'aurait voulu rater.

« Toi ! Championne de notre village, j'ai voulu revenir ici dès que j'ai su. Il est temps qu'on arrête avec ça. » Grondât Ok'mar en décrochant son énorme épée de son dos.

Manivaeta pour toute réponse, se contenta d'incliner la tête sur le coté d'un air perplexe, et fini par dévoiler une rangée de dents pointue dans un sourire narquois qui fit l'effet d'une bombe sur Ok'mar.

« JE VAIS TE FAIRE CESSER DE SOURIRE, PESTE ! » Hurlât-il en se jetant sur son adversaire.

Une réaction prévisible, attendue même par un adversaire qui avait développé un sens aigu du combat. Manivaeta était devenue une adulte. A la fois élancée et musclée sa peau au teints bleus et mauves foncés ne faisaient qu'accentuer la clarté de ses yeux jaunes fendus. Durant des années, elle avait été entraînée, s'était battue et avait reçu les enseignements d'un des plus anciens guerriers du village. Perçue comme une étrangère déshonorée et indigne, elle avait du faire ses preuves et s'y était attelée avec tel acharnement que plus aucun guerrier du village ne pouvait lui tenir tête. Ok'mar prit conscience de la chose au moment ou elle esquivât son premier assaut avec une aisance et une agilité déconcertante. Elle était déjà sur son flanc, prête à riposter. Dans un éclair de lucidité il parvint à son tour à parer un premier coup de griffe. Il recula de trois pas pour se remettre en garde et observa la jeune rôdeuse. Elle restait la, immobile, griffes sorties, en garde également. Elle l'attendait et souriait encore. Ok'mar senti sa machoire se serrer presque à s'en fendre les molaires.

« Je... Je vais t'arracher la tête... Et me faire une chope avec ton crane ! » grondât-il encore.

« Viens la chercher. » répondit-elle.

Ok'mar chargeât à nouveau, bien conscient cette fois qu'il ne pourrait l'emporter sur un seul assaut, c'est un déluge de coups qui tombe sur la draken. Mais rien y fait, les coups les plus faibles sont parés, les plus appuyés sont esquivés, toujours dans une aisance et une fluidité qui ne faisait qu'attiser la colère d'Ok'mar. Manivaeta semblait danser avec son ennemi et comme pour le narguer elle avait en permanence ce sourire narquois. Ok'mar, de plus en plus décontenancé fini par commettre des erreurs, portant des attaques bien trop larges et Manivaeta en profitât sans plus attendre pour pénétrer dans la garde de son ennemi et lui porter un coup de coude au visage, si vif, si précis, et si violent qu'Ok'mar recula de deux pas. Avant même de pouvoir réagir il ne pu qu'écarquiller les yeux en réalisant que les griffes de la rôdeuse s'étaient stoppées net à hauteur de sa gorge. Les deux adversaires restèrent immobiles un moment sous les yeux médusés des villageois silencieux. Manivaeta fixait Ok'mar  droit dans les yeux et là, elle ne souriait plus. Son regard était sévère, déterminé, sa machoire serrée, il était certain qu'à la moindre tentative, elle ferait couler le sang... Enfin, la lourde épée du draken tomba sur le sol. Ok'mar poussa un léger soupir, puis posa à son tour un genou au sol, semblant retrouver sa lucidité et son respect.

« Tu as gagné... mon sort est entre tes mains Manivaeta... » Ok'mar ne s'attendait bien sur pas à être épargné par celle qu'il a dénigré et à qui il avait promit la mort. Mais à son grand étonnement, la rôdeuse rangeât ses griffes.

« Tu es un grand guerrier Ok'mar... nous sommes menacés en permanence... le village aura besoin de toi. »

Elle se tournât ensuite vers les anciens du village qui la déclarèrent championne pour la deuxième fois d'affilée, s'en suivit bien sur les acclamations du village entiers mêlés à de nouveaux roulements de tambours...


3. Le départ.

Les festivités était terminées, et presque tout le village était endormi. Une seule silhouette persistait,  debout, immobile, un lourd sac sur l'épaule. Manivaeta attendait seule, sur l'aire d'atterissage des vaisseaux du Dominion. Fréquemment ils venaient chercher ou ramener des guerriers draken. Cette fois c'était son tour.

« Je sais que vous êtes la père... que voulez-vous ? » le ton était froid mais marqué de respect, et derrière la rôdeuse la silhouette d'un vieux guerrier se dessinait. Il n'était pas son père bien sur, mais il lui avait sauvé la vie, l'avait prise sous son aile, lui à tout enseigné. Elle le considérait comme tel.

« Es-tu sure de prendre la bonne décision Manivaeta ? » demandat-il simplement.

« Nous avons juré fidélité au Dominion, nous avons un ennemi à combattre pour le grand empire. »
la réponse préformatée de la jeune draken fit presque rire Zul'kan.

« Ne me prend pas pour un idiot. Je sais qu'il y a autre chose. Une blessure qui ne s'est jamais refermée. C'était il y a longtemps Manivaeta, l'univers est vaste, tu n'es même pas sure de les reconnaitre. » A ces paroles elle se tournât vers son interlocuteur.

« Si ce qu'on raconte est vrai Zul, si cette planète est la destinée de tous les aventuriers, mercenaires, maraudeurs et autre pirates, ils sont la bas. » Elle fixait le torse du guerrier en s'adressant à lui, il faisait une bonne tête de plus qu'elle et restait le seul capable de l'impressionner un peu.

« Bien, tu vas les traquer, les tuer, et après... Tu penses être satisfaite ? » Le calme de la conversation se troublât au son d'un moteur vrombissant arrivant au loin. Cette fois, elle leva les yeux et s’approchât d'un pas.

« les tuer et être satisfaite ? Bien sur que non Zul... » le ton de ses paroles devenait plus sombre.
« Quand ils verront leur ville brûler... Quand ils verront femmes, enfants, vieillards et invalides gisant au sol... Et quand je ne verrais plus dans leurs yeux que le plus profond désespoir et l'envie d'abandonner... A ce moment la je serais 'satisfaite' et à ce moment seulement je les tuerais. » pour la première fois Zul'kan fut impressionné par la détermination qu'il pu sentir dans les paroles de Manivaeta et derrière eux, la navette se posait.

« Tu es la meilleure ici Manivaeta, mais la-bas tu ne seras personne, tu devras faire tes preuves...Tu seras un soldat parmi tant d'autres. » Alors qu'il répondait, elle remontait le sac sur son épaule et s’apprêtait à tourner les talons pour rejoindre la navette.

« Je l'ai déjà fait, rappelle-toi... pendant dix ans... Et a mon arrivée je n'étais qu'une étrangère déshonorée... même pas un soldat. » Manivaeta s’arrêtât un bref instant, se tournât a nouveau vers son mentor et lui adressa un dernier salut rempli de respect. « la patience est une chose que tu vous avez su m'enseigner, père. » Zul se contenta de hocher la tête et regarda la rôdeuse se diriger vers la navette.

Il ne la quitta pas des yeux lorsqu'elle décollât et resta même encore un moment sur place alors qu'elle ne fut plus qu'un point dans l'horizon d'une nouvelle aube. Manivaeta, dans l'habitacle de la navette regardait sa planète s'éloigner une dernière fois, persuadée qu'elle n'y reviendrait jamais. Son destin était ailleurs. Dans un premier temps, elle devait rejoindre ce joyau de la flotte du Dominion, l'Arkship Destiny, et enfin... Nexus...