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« Nous sommes les procréateurs de notre déchéance. »

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Message par Pingouine 17.06.14 11:12



La pressurisation de ma cabine se fait entendre. Dans un « kscht », je suis plongée dans le silence le plus total. L’écran que je peux distinguer à travers la vitre m’indique mes constantes. Apparemment, tout est normal. Ce qui n’est pas le cas de mon voisin, apparemment pris d’une fulgurante crise de stress qui … Ah … Ah, et bien il est tombé en voulant fuir. Mort sur le coup, je suppose.
Je reporte mon regard droit devant moi. Les lignées de capsules s’alignent à la perfection, et je peux voir les autres rentrer. Un homme se tient debout à mes côtés, dans une combinaison spatiale. Il semble régler quelques paramètres. Ça ne devrait plus être très long. Depuis que j’ai appris que nous partions pour Nexus, j’en ai la tête toute retournée. Je veux dire … Encore plus qu’habituellement. Tant de découvertes, d’organismes à disséquer, de structures moléculaires à analyser, c’est si … Si … EXCITANT !

Pourtant, lorsque l’on nous a présenté le projet, cela sonnait comme une mauvaise blague : « on a trouvé une planète à des années lumières et on voudrait y jeter un œil ». Au début, je dois l’avouer, je n’étais pas du tout partante pour cette expédition. Mon peuple avait déjà assez à faire avec ses propres problèmes. Et pourtant, lorsqu’ils parlèrent des Eldans et de leur technologie avancée … Indéniablement, ça a fait « tilt », et nous nous sommes ralliés à la cause des Exilés. Et ainsi, me voilà, dans ce vaisseau, à attendre que cet astronaute du dimanche enclenche ma cryogénisation pour que je fasse de beaux rêves. Tiens, j’entends un compte à rebours. Il semble paniquer. Qu’il se dépêche … Finissons-en, une bonne fois pour toute ! Ah, ça y est. Je me sens partir. J’entends mon souffle qui est filtré par mon masque faire un bruit d’enfer. Mon cœur s’emballe un peu, il faut que je me calme. Je ferme les yeux. Soudain, des souvenirs me reviennent à l’esprit. Grismara, mon enfance …


Il faut que je vous raconte ...
« Nous sommes les procréateurs de notre déchéance. » RsMg6JG

Grismara, cette planète prospère que nous avions colonisée depuis des millénaires, si bien que même les plus vieux d’entre nous n’avaient pas eu vent de quand cela avait exactement commencé. Qu’importe, c’était ici chez nous, et même s’il y avait d’autres astres sur lesquels nous étions passés, rien n’était comparable à la sensation de « maison » que procuraient ces terres. Avec le temps, notre intellect évolué et notre amour pour la science, nous réussîmes à dompter chaque élément. L’air, l’eau, la terre, le feu, tout sur Grismara était sous notre contrôle, et il n’y avait rien qui réussissait à nous surprendre. Nous étions de belles créatures, aux cheveux clairs, à la peau pâle et aux traits presque semblables aux humains, si ce n’est ces oreilles pointues. Grands, minces, élancés, notre savoir était notre réussite, et tout était fructueux sur ce monde. Nous vivions en harmonie, et pourtant, notre soif irascible de pouvoir ne pouvait être comblée que par une chose : bien que nos existences duraient des siècles grâce à notre connaissance de la médecine, nous voulions l’immortalité. Le pouvoir de vivre pour toujours. De voir les étoiles naître, croître et s’éteindre. De ne jamais perdre d’êtres chers. D’être tous ensemble, à jamais.

C’est dans cette ambiance que je suis née. Fille de scientifiques, petite-fille de scientifiques et même arrière-petite-fille de scientifiques, je naquis dans la capitale de Grismara. Très vite, je m’annonçais comme brillante : mon cerveau bien formé témoignait de mes capacités intellectuelles élevées. Dès l’enfance, j’arrivai à résoudre des problèmes d’algèbre. Quand d’autres jouaient à la bataille, e m’amusais à calculer les différentes décimales de Pi. J’entrais dans les plus brillantes écoles, dans les plus prestigieux instituts. Mes parents, grands-parents et arrière-grands-parents, que j’ai eu la chance de connaître, étaient si fiers de moi. Nous étions une grande famille. Les dîners du dimanche midi n’étaient pas ennuyeux chez nous : nous pouvions parler d’alchimie durant des heures. La régénération moléculaire des astres phosphorescents n’avait plus de secret pour moi, si bien que très vite, à l’âge de cinquante ans, et je m’en souviens encore très bien, j’ai intégré le très renommé Laboratoire de Recherches du Docteur Victor Lazarin.

Un confrère de mon père qui, après avoir vu ma thèse sur le changement anamorphique du plomb en or et de l’or en défécations, a décidé que, je cite « même si son génie comporte quelques grains de folie, il est nécessaire pour les ambitions futures de ce laboratoire ». Le premier jour, ma blouse sous le bras, mon badge lustré, j’entrais en ces lieux. Je me souviens encore, c’était en 1540. La question de l’immortalité de notre peuple était plus que jamais présente, et Docteur Lazarin, avec l’aide du gouvernement, faisait avancer les recherches à un rythme effréné. Nous ne comptions plus nos heures de travail, et le mot « vie sociale » n’avait plus aucun sens à nos yeux ni à nos oreilles : nous étions les esclaves de notre travail acharné. Malheureusement, à chaque fois que nous nous approchions du but, une métastase inopinée nous faisait reculer. Un pas en avant pour trois pas en arrière. Pendant plus de vingt ans, nous avons tout essayé, toute l’année, tous les jours. Le manque de sommeil me pesait énormément, mais pas plus qu’au docteur : il lui arrivait d’être pris d’excès de rage folle, si bien que tout le monde savait quand il fallait se cacher sous les bureaux. Entre collègues, nous arrivions malgré tout à nous amuser, car c’était là notre détente, sous le regard amère du Docteur qui n’aimait pas que l’on soit distrait à autre chose qu’à la recherche d’une fontaine de jouvence. À cause du coût des crises de nerf de Lazarin, le gouvernement manqua de nombreuses fois de nous retirer du projet. La détermination et l’ambition de nos équipes nous permit tout de même de tenir bon, et, quinze ans plus tard, le projet montrait enfin des résultats satisfaisants. Victor décida de baptiser le sérum « l’Elixir Lazarin ». Mais étant donné la charge de travail que nous avions effectué, il nous laissa le loisir de le baptiser « Elixir d’Éternité ». Les finitions furent mises en place : pendant plus de deux ans, nous fignolions les moindres détails. Le grand jour arriva très vite : il faut dire qu’un jour, c’est très peu, dans la vie d’un Mordesh. Le gouvernement fut fasciné, et je me souviendrai toujours quand notre dirigeant se leva et se mit à applaudir. Le peuple eut un engouement fou pour l’élixir, et les stocks partirent en moins d’un mois. Bien sûr, l’Elixir nous fut injecté en premier, étant créateurs. Chacun voulait avoir sa fiole. Les jeunes se l’arrachaient, c’était la renaissance de notre civilisation.


« Nous sommes les procréateurs de notre déchéance. » HBg9oy4


Pourtant … Un matin de l’année 1578 de l’ère impériale, je me levais vers quatre-cinq heures du matin, comme à mon habitude. Ouvrant les rideaux, je me dirigeais machinalement vers la salle de bains. Je me brossai les dents, et soudain … Mon corps fut pris de soubresauts, je sentis la fièvre monter, ainsi que la rage. Ce fut tel que j’en cassais le manche de ma brosse à dents avec mes molaires. En me retournant, je vis mon grand-père … Et le trouva particulièrement appétissant. Ma tête se pencha brusquement sur le côté, dans un « crac ». Un sourire carnassier illumina mon visage. Je me sentis bondir … Et là, trou noir. Je ne pourrais vous dire ce qui s’est passé ensuite. Parfois, des souvenirs reviennent, comme des « flashs ». Je me rappelle surtout du sang, des cris, des explosions. Lorsque j’y pense, un goût métallique me revient en bouche, et ma mâchoire grince.

La seule chose dont je me souviens ensuite, c’est une agréable sensation de fraîcheur et de bien-être dans mon organisme. J’ouvre les yeux. Tout est trouble, je n’y vois presque rien. Je sens mes poumons comme encrassés, je tousse à chaque bouffée d’air que j’aspire. Dans la glace, je vois le bas de mon crâne. Réellement mon crâne. Sans peau ni chair, sans muscle ni tendons. De mon nez à mon menton, la peau a disparu. Seuls des lambeaux de chairs pendent sur mes joues. On me met un masque. Je me sens revigorée. Sur ma tête, des tuyaux. Une voix non loin m’affirme que c’est pour faciliter la circulation des fluides dans ma boîte crânienne. La moitié de mes cheveux ont disparu, et le peu qu’il me reste a pris une couleur bleuâtre. Mon teint est blafard, comme celui d’un cadavre qui aurait été trop longtemps exposé à l’air libre, et mes yeux d’un jaune fluorescent. Je touche ma peau. C’est flasque, ça n’avait plus aucune fermeté. Tout cela me rend indéniablement triste, cependant, ma rage d’antan s’était comme tapie au fond de moi, attendant son heure.

Je vis le docteur Lazarin. Lui aussi avait changé. Il n’était plus le brun ténébreux qui faisait craquer toutes les filles, non. Son crâne était rasé, ses yeux, injectés de sang. On lui avait comme raccordé les membres avec des prothèses enfermant un liquide bleuâtre. En parlant de ça, je regardais moi-même mes bras, mon corps. J’étais devenue mince, presque anorexique, moi qui avait des courbes charmantes. J’eus vent du sérum Vitalus, ce qui aurait sauvé le peu d’entre nous qui était toujours vivant. Je n’y croyais pas, tous les Mordesh autour de moi étaient comme morts. Je mis quelques mois à me lever et à marcher de nouveau, et encore plus de temps à réaliser que nous n’étions plus sur Grismara, mais dans un vaisseau, loin de là-bas. On me raconta bien plus tard que c’étaient les Dominions, une race avec laquelle nous vivions en paix jusqu’alors, qui avait mis notre chère planète en quarantaine. C’est le Docteur qui, m’ayant trouvé en train de déchiqueter un cadavre au détour d’une ruelle, avait décidé de m’emmener - plutôt que de me tuer et de conserver mon cerveau dans un bocal - tant son fonctionnement était, je cite « d’une fascinante efficacité ». Je lui dois beaucoup.

Ainsi nous errâmes pendant presque vingt ans dans l’espace, tantôt fuyant les batailles avec le Dominion, tantôt nous défendant contre elle. Je remarquais alors que nous leur faisions peur et prenait cela à mon avantage … Quoi que, nous faisions aussi peur aux Exilés. Je n’eus aucune nouvelle de ma famille, ni de mes proches : il paraît que je les ai tous mangés durant ma folie. Nous nommâmes le fléau qui emporta notre race la Contagion. Il restait très peu d’entre nous, et l’entraide (qui auparavant existait peu dans notre culture) était devenue notre crédo. Notre amour pour la science demeura cependant intarissable : malgré tous les calvaires qu’elle nous avait fait endurer, nous continuions à l’adorer.
Un éclairé du nom de Dorian Walker avait apparemment trouvé une solution à notre errance spatiale : il aurait retrouvé une ancienne planète Eldan du nom de Nexus, qui serait un El Dorado pour nos peuples et une chance inespérée d’y trouver refuge. N’y voyant de prime abord aucun intérêt, nous signâmes malgré tout les Accords de l’Exil en 1600 et partîmes à sa recherche. Avant l’embarquement dans la navette et d’entrer dans ma capsule cryogénique, j’eus tout de même une discussion avec le Docteur Lazarin, qui m’expliqua qu’après de nombreuses recherches sur le peuple Eldan, il se pourrait que leur technologie et leur connaissance nous aide afin de trouver des remèdes pour sauver les Mordesh de la Contagion.

Nous offrant une chance d’immortalité bien méritée après un calvaire désespérant, une faible chance de survie face au Dominion et à leurs alliés, une terre d’accueil et de nouveaux horizons à découvrir, de nouveaux collègues et des êtres avec lesquelles nous pourrions potentiellement créer des liens affectifs tels que l’amitié, l’amour et le respect que je n’ai connu jusqu’alors qu’avec mes défunts camarades de laboratoire sur Grismara, la coalition des Exilés donnent un vent d’espoir à toutes ces populations qui rêvent d’un renouveau émotionnel et historique pour leur avenir, leurs proches, leur race et leur confère une potentielle prospérité. Nous, Mordesh, nous y voyons une chance de parvenir à nos fins et résoudre ce sur quoi nos ancêtres et nous-même avons passé notre vie : l’immortalité, et une chance d’être élevés au moins au même niveau que les Eldan, si ce n’est plus. Pour ma part … je veux simplement soigner ces maux de tête qui me font vivre un calvaire au quotidien, pouvoir retrouver ma beauté et mon teint d’ange d’autrefois, respirer avec mes propres organes et que mes bras puissent tenir sans prothèses.


Nexus est notre seul espoir.

Je me réveille brusquement, car mon caisson de cryogénisation est arraché de son socle. Des gyrophares rouges m’aveuglent et agressent le peu qu’il me reste de rétine. Je regarde autour de moi : tout est en ruine, certains corps pendent hors de leurs caissons, sans vie. On  m’extirpe de là, j’inspire comme si je venais de naître. Une masse incroyable de poussière sort de mon casque et entre dans les tuyaux qui me servent à respirer : je tousse comme une fumeuse avec un cancer du poumon. Je tombe à genoux, posant mes mains sur le métal froid de la plateforme qui descend je-ne-sais-où. On me lève difficilement. Je me redresse, m’époussette. Une piqûre dans mon bras m’arrache une grimace de douleur. Mais depuis le temps que j’y suis habituée, ça ne me fait pas plus d’effet que ça. Je lève la tête, cligne des yeux. Ça va mieux. Ma vision trouble redevient nette. Mon corps est mou, flasque. J’ai l’impression d’avoir dormi pendant cent ans. « Presque », me répond-on. Je regarde autour de moi, et voit le Docteur Lazarin. Je lui souris, il entoure mes épaules d’un geste amical. Ce doit être la première fois qu’il me touche, et ça fait plus de deux-cent ans que nous nous connaissons. Je regarde à travers le hublot. Malgré le foutoir autour de nous et les gens qui s’affolent, malgré les vaisseaux du Dominion qui nous encerclent, il tend son bras, pointe son doigt et me montre une planète autour de laquelle tournoie deux ceintures d’astéroïdes ainsi que deux satellites planétaires. Je le regarde, il me sourit. Chose rare, de surcroît. D’une voix grave mais pleine d’émotion, il me dit :

« Bienvenue sur Nexus, Yelena. »
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