Jack "Djak" Doara

Si j'avais dû définir ma personnalité, elle tiendrait dans cette maxime : << La violence est le dernier refuge de l'incompétence. >>
Oh... il m'arrive bien d'être violent ou plutôt d'en donner l'apparence. Bien sûr. Beaucoup de personnes ne prennent pas le temps d'analyser la situation avec le recul nécessaire et tombent dans la feignante facilité de ne se fier qu'aux faits.

Usant de charme et de mensonges comme d'un art, je sais arriver à mes fins et manipuler mon auditoire qui m'écoute toujours plus intensément quand je dis des conneries.
Inventer des histoires crédibles et me faire passer pour ce je ne suis pas du moment que cela sert mes intérêts est mon quotidien : c'est ainsi que porter un masque est devenu mon fardeau.

Un fardeau bien peu ingrat tant j'y prends un certain plaisir.
Mon physique sans être impressionnant se suffit à lui-même et quelques tirades bien placées font de moi la brute de service ou au moins efficace un être bourru et stupide.
Mon sang chaud et bouillonnant doit amplifier probablement mes artifices.

Je ne me souviens pas vraiment quand tout cela a commencé... Peut-être était-ce quand mes darons se sont mis en tête d'embrasser la cause exilé qui allait les mener au cimetière... Ou bien peut-être était-ce à la mort de ces derniers lors de mon passage à...

Clinterford.
Une Ville faiblement peuplée d'un monde désertique. La température y était intense et la plupart des habitations non climatisées. Le prolétariat se retrouvait dans un des deux lieux publics à la mode : Au Skug asséché le bistrot local et la Mine municipale.
Le Skug asséché se trouvait au bout de l'unique avenue et avait tout pour plaire : un décor d'un autre temps et un tenancier boiteux qui proposait quelques catins aux touristes imprudents.
La Mine municipale quant à elle, quelque peu excentrée de la ville et plongée dans un canyon, n'avait rien de particulier sinon d'être encore plus crasseuse que le reste des bâtisses et de faire travailler les trois quarts de la population.
Je me souviens aussi de l’Arène du Fou. Elle portait bien son nom car seul un fou y aurait mis un pied volontairement... lieu de pari où tous les coups sont permis, la vermine et les créatures les plus vils s'y retrouvaient pour un combat à mort.

Présenté ainsi, c'est peu ragoûtant. C'est pourtant l'endroit idéal pour qui veut se faire oublier et commencer une nouvelle vie.
Ce fut mon cas. J'avais la théorie des sciences historiques et des études patrimoniales. J'allais obtenir la pratique et devenir un violeur de tombeaux un chasseur de trésor pour qui peut s'offrir mes services.

Après ses déclarations de la veille à l'Académie des Sciences Impériales à propos de sa prochaine expédition sur Nexus, Jack Doara se sentait parfaitement en paix avec les centaines de systèmes solaires constituant le tentaculaire empire galactique du Dominion.
Sa théorie était toute relative et par conséquent sa réputation venait d'en pâtir violemment au point de le discréditer au sein de toute la communauté scientifico-historienne.
Il pouvait même se rassurer de ne pas avoir été jeter dans une prison pour blasphème. Ce qui était sûr c'est qu'il était devenu une persona non-grata sur le territoire impérial soit autrement dit sur la majorité des planètes connues bien qu'officiellement il n'écopait que d'un rappel à la l'ordre.

Xeno-archéologue. C'est ainsi qu'on définissait son métier et c'est ce qui était marqué sur son laisser-passer. En réalité, Jack était un pilleur, un violeur de tombeaux, un fouille-merde, un scientifique raté... bien des termes peu équivoques lui venait en tête pour définir son activité mais certainement pas le terme rustre et barbare de Xeno-archéologue...

Grand bien fasse à cet Empire décadent et à sa religion infâme de croire en la déité des Eldans mais pour lui, la réalité historique était un fait : les eldans sont le venin qui coule dans les entrailles de Nexus, le poison qui s'en extrait à chaque découverte et la preuve s'il en est qu'ils étaient et sont un danger pour toute la Galaxie.

Et il en savait certainement plus sur le sujet que ces jacobins impériaux qui pour la plupart n'avait jamais mis un pied en dehors de Cassus. Il ne pouvait pas se tromper. C'était impossible et il en avait la certitude.
Lui, l'apatride qui était né sur un vaisseau, qui -encore enfant- avait foulé de ses pieds de nombreux mondes étrangers pour accompagner ses parents et qui a été formé dans les meilleurs institutions.

En outre de son métier de xeno-archéologue, Jack s'est spécialisé dans la contrebande d'objets anciens. C'est d'ailleurs sa principale activité qui s'avère parfois légale puisqu'il est payé pour se salir les mains à la place de ceux qui le dénigrent.

Retenant de bon gré le dicton du fondateur de la Société Protostar, P.T. Rotostar, il mène sa vie avec la devise suivante : "Si ça s'achète, vous pouvez être sûr que ça se vend à un prix à peine surévalué !".

Quelques heures plus tard.

J'étais assis sur un banc dans un parc de la capitale impériale. Mon départ était prévu le lendemain matin.

Mon allure attirait le regard des badauds et un joli brin de femme détournait le regard. J'étais clairement pas à la dernière mode cassienne et pire encore, je devais leur donner l'impression de sortir d'un autre monde. C'était pas totalement faux d'ailleurs.

Bien que je comprenne la teneur de leur surprise, je ne m'en laissais pas pour le moins attendrir. Qu'ils se moquaient de moi si ça leur faisaient grand bien mais qu'ils n'espéraient pas pour autant que j'y prenne plaisir à mon tour. C'est ainsi que je rendais un regard noir à chacun d'eux, ne me gênant pas pour les fixer jusqu'à ce qu'ils baissent les yeux ou regardent ailleurs.

Un peu plus tard dans la journée, deux hommes imposants se mettaient entre moi et le soleil. C'est avec le sourire et une grande amabilité que je leur demandais de se décaler.
<< On va te refaire le portrait, connard !>>

Quel humour ! Visiblement, les cassiens n'étaient pas seulement des êtres hautains, ils étaient aussi de grands comiques.
<< Pourquoi tu rigoles, connard ? >>

Clairement, nous n'avions pas le même humour. L'un deux plaqua ses grosses mains sales sur le revers de ma veste. Mon pied décolla du sol pour atterrir comme un bourre-pif en plein milieu de son visage. Un second coup de pied et il partait en vol plané dans les buissons.
Le second courageux fonçait tête baissée. Quelques foulures et une douleur atroce au bas-ventre plus tard, il ne demandait pas son reste.

Petite aventure qui me valait deux bonnes semaines de prison pour délit et je rentrais chez moi comme prévu ou presque (délester de mes recherches et d'un certain nombre de crédits) avec la conclusion que les impériaux ne m'aimaient pas mais on pourrait dire que c'est réciproque. .