[Remington Thatch] La relique mystèrieuse

*Quelque part dans l’espace…*

? : - T’es sûr que tu sais où on va ?
? : - Pour la énième fois, absolument certaine ! Maintenant assis toi et ferme là une minute !
? : - Non mais tu as vu comment elle me parle ?!? Mais dit quelque chose toi au lieu de bouffer !
? : - Ch’parle pas la ‘ouche p’eine…

Le vaisseau Exilé Sharvi ZT-60 vogue paisiblement, ou presque, dans l’immensité spatiale à la recherche de débris, déchets et autres matériaux laissés à l’abandon dans cet océan de vide. Le Sharvi n’a pas fier allure. La peinture rouge est écorchée et on parvient tout juste à distinguer le logo sur la coque (Une pin-up à tête de requin au regard lubrique). Certaines parties du vaisseau ont été rafistolées à la va vite mais curieusement ça a l'air de tenir le coup.  A son bord, trois courageux aventuriers en quête de richesses :

Ania Mooglos la capitaine du vaisseau. Une Humaine au tempérament de feu et un peu garçon manqué. Elle est aux commandes du Sharvi et gare à celui qui touche au gouvernail.

Morse Benneth l’ingénieur de la bande. Malgré son jeune âge et sa frêle carrure, Morse est capable de tout réparer en un tour de clef. Son don de la mécanique n’a d’égale que son appétit insatiable.
 
Enfin, Remington Thatch le second du capitaine. Il a la charge de récupérer les débris qui se promènent dans l’espace et de les ramener jusqu’à la soute du Vaisseau. Il est assisté par Morse qui utilise le bras mécanique du Sharvi depuis l’intérieur du vaisseau.

Remington : - Ca fait des semaines qu’on a quitté le spatio-port et toujours pas de nouvelles de ton épave… Tu sais que je suis quelqu’un de patient mais là je suis à deux doigts de me jeter par-dessus bord !

Ania : - Oubli pas de fermer le sas derrière toi…

Remington se résigna et laissa pousser un grognement infini en s’étalant sur la banquette du cockpit. Il jeta un bref regard sur Morse toujours en train de manger ce qui ressemblait à une purée verdâtre et dégueulasse.

La Capitaine marmonnait des choses qui n’avaient aucun sens pour les autres membres de l’équipage. Elle feuilletait un vieux carnet à la reliure de cuir déchiquetée tout en tenant fermement le gouvernail.

Ania : - Ca peut pas être bien loin… degré nord… Tourner à gauche… contourner la ceinture d’astéroïdes… Mais où elle est cette foutue barrière de cailloux !

L’alerte radar retenti soudain. Morse fini son assiette de purée en enfournant le plus de matière possible dans sa bouche et se rua sur le radar.

Morse : - On a’roche ’une ‘einture d’a’téroïdes Ca’itaine ! ‘Roit de’ant ‘ous !

Remington d’un ton blasé : - On approche d’une ceinture d’astéroïdes Capitaine. Droit devant nous.

Ania : - Merci j’avais compris… Thatch, magnes toi d’aller au canon et libère nous un passage. Morse tu vas retourner dans la salle des machines. En cas de pépin c’est toi qui gère.

Morse : - Aye aye cap’tain !

Ania : - Selon les plans je devais contourner ses saloperies mais passer à travers c’est un gain de temps non négligeable. Accrochez vous bien ça risque de secouer !

Le Sharvi s’engouffra dans la ceinture d’astéroïdes. Ania Mooglos réduisit la vitesse pour plus de contrôle et donner du temps à son second d’exploser les rochers sur le passage du vaisseau. Les petits astéroïdes rebondissaient sur la coque tandis que les plus gros se faisaient atomiser par Remington.

Ania prit le microphone d’une main tout en gardant fermement son autre main sur le gouvernail :

Ania : - Bon boulot les gars. D’après le radar on a fait le quart du chemin. Restez concentré et ça ira comme dans du beurre.

Remington poussait des acclamations à chaque astéroïde mis en miettes. Morse quant à lui sirotait paisiblement une barquette de jus de fruit dans la salle des machines, sa caisse à outils à portée de mains. Mais ce semblant de calme et de confiance fût de courte durée. Une forte secousse se fit ressentir dans tout le vaisseau déséquilibrant Morse et Ania qui tombèrent au sol. Des alarmes et des lumières rouges s’ajoutèrent à la surprise de l’équipage. Ania se ressaisit vite et reprit le contrôle du Sharvi.

Ania : - Bon sang qu’est-ce que tu fous Thatch ! Ton boulot c’est de dégommer les astéroïdes qui arrivent sur nous !

Remington aux commandes du canon laser répliqua dans son micro-casque :

Remington : - Je te jure Capitaine que je les ai tous flingués ! Je sais pas d’où a pu venir cette secousse.

Ania à elle-même : - Ces astéroïdes rebondissent les uns contre les autres et sont complètement instables. Impossible de prévoir leur trajectoire.  

Morse : - Les propulseurs sont morts capitaine ! Il y a aussi une fuite de carburant dans le vaisseau. Si vous augmentez la vitesse on risque de tous y passer.

Ania : - Compris Morse. Essai de réparer ça au plus vite. Mieux vaut ne pas s’éterniser dans le coin.

Le Capitaine Mooglos manœuvrait avec précaution et dextérité. Le Sharvi zigzaguait entre les immenses astéroïdes tandis que Remington explosait les roches menaçants de s’écraser sur le vaisseau.

Remington : - Euh… Capitaine… Je crois que c’était pas une bonne idée ce petit raccourcis…

Ania ironiquement : - Ah bon qu’est-ce qui te fais dire ça ?

Remington : Bah… Le gros caillou qui nous arrive dessus à toute vitesse à tribord…

Le Capitaine Mooglos ne s’attendait pas à ce genre de réponse. Elle jeta un coup d’œil sur son radar et aperçu une immense forme s’approcher dangereusement du vaisseau.

Ania : - Changement de plan. On plonge !

D’un coup vif, Ania poussa à fond le levier à sa gauche et le Sharvi piqua du nez.

Ania : - Morse ! J’espère que les moteurs tiendront le coup parce que je vais les lancer à fond !

Morse : - Mourir écrasé par un astéroïde ou mourir dans une explosion atroce… Vous parlez d’un choix…

Ania : - Ca tiendra Morse ?!?

Morse : - J’ai arrangé la fuite et les réacteurs auxiliaires sont opérationnels. Mais je peux pas dire si ça tiendra…

Ania : - Serrez les fesses mes amis c’est le moment de vérité !

Ania Mooglos appuya sur le bouton rouge du tableau de bord et les réacteurs se mirent en route propulsant le vaisseau vers les profondeurs de la ceinture d’astéroïdes. La coque du Sharvi tremblait de toute part et les alertes sonores et lumineuses donnaient un vrai concert. Une voix robotique résonnait dans le cockpit :

*Impact dans 20 secondes… Impact dans 10 secondes…*

Remington continuait de tirer sur les rochers en hurlant pour évacuer sa peur et son stresse. Morse s’agrippait à tout ce qu’il pouvait en récitant quelques prières les yeux fermés et la Capitaine serait les dents de toutes ses forces.

*Impact dans 5…4…3…2…1…*

Morse les yeux toujours fermés : - On est mort ?

Remington : - On est passé !

Le Sharvi avait cessé de trembler et le calme était revenu à bord du vaisseau. La ceinture d’astéroïde se trouvait derrière eux et toute menace était à présent écartée. L’équipage resta silencieux un moment, ne réalisant pas ce qui venait de se passer. Ils avaient échappé de justesse à la mort.

Remington levant les poings au ciel : - Oh yeah on a réussi ! Wouhouuuu ! Venez là que j’vous embrasse !

Ania : - Thatch, plus tard les effusions. On a une mission à accomplir. Morse fait moi un rapport complet de l’état du vaisseau.

Malgré ce ton autoritaire, le capitaine Mooglos ne parvenait pas à ôter le large sourire qui se dessinait sur son visage. Un capitaine se doit d’être fort pour maintenir la confiance absolue de son équipage. Morse fît le point sur les dégâts qu’avait subi le Sharvi :

Morse : - C’est pas jolie-jolie… On a perdu presque la moitié de notre carburant. Les propulseurs sont morts et les moteurs sont dans un sale état aussi. Ca va me prendre des jours pour tout réparer correctement.

Ania écoutait son ingénieur tout en vérifiant le plan sur son carnet. Remington la rejoignit dans le cockpit. Il regarda Ania et le carnet à tour de rôle et fini par demander en se grattant la tête l’air gêné :

Remington : - Ania… Vas-tu enfin nous dire ce qu’on cherche ? On n’a pas fait tout ce chemin ni bravé tous ces risques pour récupérer trois pièces de métal sur un rafiot moisi…

Ania levant les yeux vers son second : - On cherche une très ancienne relique Eldans. D’après ce carnet, l’explorateur Joël Torne aurait mis la main dessus. Hélas, lui et la relique ont disparu sans laisser aucunes traces. Mais grâce à ce carnet que j’ai acheté à prix d’or on va pouvoir la retrouver !

Remington ne put s’empêcher de sourire en voyant la conviction de sa capitaine. Puis il regarda par-dessus l’épaule d’Ania et son sourire s’effaça, les yeux rivés sur le hublot du cockpit. La Capitaine se retourna et vit au loin l’épave d’un vaisseau qui gravitait paisiblement autour d’une petite planète dévasté ressemblant à la Lune.

Ania : - J’y crois pas… On l’a trouvé…

Remington : - C’est… C’est lui ?

Ania se ressaisissant : - Y’a qu’un seul moyen de vérifier. Enfile ta combinaison. Les affaires reprennent les enfants !

Le Capitaine Mooglos vira en direction de l’épave pendant que Remington courait vers la soute pour enfiler sa combinaison. Le Sharvi s’approcha du vaisseau en perdition et s’arrêta à une distance honorable, évitant ainsi toute collision avec les débris et pour permettre à Remington de se rendre dessus sans trop s’éloigner de l’appareil. On pouvait à peine distinguer le nom de l'épave, "Yellow Guard 4".

Morse : - Est-ce que je dois l’aider avec le bras mécanique ?

Ania : - Pas besoin. On prend la relique et on se barre d’ici. La richesse n’attend pas. Thatch tu me reçois ?

Remington dans sa combinaison : - cinq sur cinq. Réserve d’oxygène, OK. Étanchéité, OK. La soute est dépressurisée et prête à être ouverte. C’est parti pour le grand saut.

Ania : - Tu déconnes pas surtout. Tu prends ce qu’on est venu chercher et tu reviens au pas de course.

Remington : - T’en fais pas pour moi. Je connais mon métier.

La soute s’ouvrit doucement sur un spectacle magnifique et glauque à la fois. Des débris volaient lentement, semblant escorter l’épave. Au loin, les rayons d’un soleil lointain éblouissaient le jeune aventurier. La surface de la planète autour duquel le "Yellow Guard 4" flottait était recouverte de cratères. Pas une trace d’eau ni de vie. Remington fit un bond et plongea dans le vide. Un sentiment agréable de calme et de solitude le parcouru. C’est ce pourquoi il aimait son travail. Sa petite récompense en quelque sorte.

Remington alluma ses propulseurs placés sous ses bottes et s’approcha lentement du vaisseau. Il brandit son grappin magnétique en direction de l’épave et tira. Il activa le treuil et se laissa aller jusqu’à ce qu’il heurte la coque. Le Second détacha son grappin et flotta jusqu’à un immense trou dans la carlingue.

Remington : - Je suis à l’intérieur. Je me dirige vers la cabine. Le sas est entre-ouvert. Va falloir utiliser un peu d’huile de coude.

Remington tira de toutes ses forces pour ouvrir le sas qui finit par céder. Il flotta jusqu’au siège de commandement et sursauta en apercevant l’explorateur Joël Torne, mort. Blanc comme un linge, des cristaux de glaces s’étaient formé sur son visage parfaitement conservé. Il semblait dormir paisiblement. Une légère lueur dorée s’échappait de ses mains. Remington écarta les doigts du défunt et saisit la relique. Un étrange cube doré aux motifs géométriques laissant plus de questions que de réponses.

Remington : - Je l’ai. Je retourne sur le Sharvi. Terminé.

Ania laissa échapper un cri de joie et serra Morse dans ses bras.

Morse : - Capitaine… Vous m’étouffez…

Ania : - Hein ? Ah oui pardon… Bon travail Thatch !

Une fois l’équipe rassemblée, le Sharvi utilisa le peu de ressources qui lui restait et reprit la route vers un endroit plus sûr. Remington s’assit sur la banquette du cockpit, tenant le cube du bout des doigts. Une multitude de questions lui traversaient l’esprit. Jusqu’où ce cube allait-il les emmener ?...

Les jours ont passés depuis la découverte de la relique. Le cube était là, posé au milieu de la table ronde de la cantine du Sharvi. L’équipage l’observait silencieusement, ou presque… Seul les craquements des céréales que Morse ingurgitaient venaient troubler le calme de la pièce.

Morse : - Ch’est Jo’i… Mais cha chert à quoi ?

Ania dans un soupir désespéré : - J’en sais strictement rien Morse… Rien n’est expliqué dans le carnet. Juste quelques croquis.

Remington : - C’est une clef.

Ania et Morse : - Hein ?!?

Remington très calme et sûr de lui : - Oui c’est une clef. Pour ouvrir une porte scellée il y a des milliers d’années et qui renferme un trésor perdu.

Ania : - T’en est sûr ? Mais comment tu peux savoir ça ? T’en avait jamais entendu parler avant qu’on le récupère…

Remington : - A vrai dire… Je sais strictement rien à propos de ce truc. Mais dans toute bonne histoire d’aventure il y a une clef qui ouvre un passage vers un trésor caché.

Ania mit une tape derrière la tête de son second qui laissa échapper un petit « Ouch ! ». Remington jeta un regard noir à Morse qui ricanait devant son bol de céréales. La Capitaine prit le cube dans ses mains et le tourna dans tous les sens cherchant un bouton, une fissure ou quoi que ce soit qui pourrait révéler un secret.

Ania : - C’est quand même bizarre tous ces motifs. Ça veut bien dire quelque chose.

Remington : - Laisses moi voir.

Le second prit la relique des mains de sa capitaine en la bousculant un peu. Elle le regarda d’un mauvais œil tout en soufflant sur une mèche qui lui était tombé sur le nez. Faisant fi de l’état colérique de sa chef, Remington tripatouilla le cube aléatoirement, appuyant sur différentes faces, caressant du bout des doigts les arêtes et même, sous les yeux ahuris de ses coéquipiers, embrassa le cube.

Ania : - Mais qu’est-ce que tu fais imbécile ?

Remington : - J’essaie des trucs.

Ania : - Mais tu vois bien que ça sert à rien. On n’ouvrira jamais ce foutu…

Une lueur bleue jailli de la relique qui se mit à trembler dans les mains de Remington qui s’empressa de la reposer sur la table.

Ania : - …cube...

Morse, obnubilé par cette douce lumière, posa sa cuillère et se leva doucement de sa chaise. Ania quant à elle ne pouvait décrocher son regard du cube qui s’éleva peu à peu dans les airs. Remington, une fois remis de sa surprise, croisa les bras et regarda son capitaine l’air satisfait :

Remington : - Alors ? C’est qui le roi de la relique ?

Ania contemplant toujours le cube : - T’as eu un coup de chance, idiot.

Une douce chaleur émanait de la relique. Elle s’approcha lentement du cube en lévitation et tendit sa main pour pouvoir le toucher. Lorsque ses doigts furent en contact avec le mystérieux objet, une explosion de lumière aveugla tout l’équipage et fît sauter les plombs.

Morse se couvrant les yeux : - Mais qu’est-ce qui se passe ?

Remington : - Regardez ça !

La cantine du vaisseau était baignée dans le noir. Seul le cube qui tournoyait sur lui-même en lévitation offrait une lumière tamisée bleu. Une projection holographique s’échappait de la relique représentant un système solaire dans toute la pièce.

Ania : - C’est… C’est une carte… et le point rouge ici… C’est l’endroit où nous sommes.

La capitaine montra du doigt l’emplacement du Sharvi sur l’hologramme quand une ligne traça soudainement un chemin à travers la carte et s’arrêta sur une planète reculé du système solaire. Remington observa la planète en question.

Remington : - Nexus…  

Morse : - Mmmh… Nexus c’est pas très loin d’ici. On devrait pouvoir y arriver. A condition de ne pas trop tirer sur les réserves de carburant.

Ania : - Ouais. On en profitera pour faire le plein et vendre quelques pièces détachées aux Exilés postés sur place.

La sharvi et son équipage prirent la route en direction de Nexus la planète sauvage. L’ambiance à bord était agréable. Durant le voyage, les trois aventuriers  racontaient ce qu’ils allaient faire de leur futur fortune. Rafistoler le vaisseau, acheter de nouveaux flingues ou de nouveaux outils dernières générations… Bref, tout le monde avait des projets bien en tête.

Ania étudiait longtemps la relique Eldan qui s’était refermé et avait cessé de léviter. Elle avait noté dans son carnet le chemin le plus rapide et le plus sûr pour arriver sur Nexus.  Elle profitait aussi de son temps libre pour dessiner quelques portraits de son équipage et d’elle-même dans ce même carnet. Des « souvenirs » comme elle aime les appeler lorsque ses coéquipiers lui demandaient ce que c’était.

Remington nettoyait ses pistolets, comme à son habitude à chaque fois qu’ils s’apprêtaient à atterrir quelque part, quand Ania toqua à la porte de sa cabine.

Remington : - Ah salut. Qu’est-ce que tu veux ?

Ania : - Salut. J’aimerai te confier ça.

La capitaine sortit de son sac le cube et son carnet et les donna à son second.

Remington : - Pourquoi tu me les donnes ? C’est trop lourd pour toi ?

Remington sourit de sa petite blague mais arrêta net en voyant l’air sérieux de sa capitaine.

Ania : - Écoutes Remi… Je resterai pas toute ma vie capitaine de ce vaisseau. Il arrivera un jour où j’aurai envie de faire autre chose. Me poser. J’aimerai que tu diriges cette expédition sur Nexus à ma place.  Montres moi de quoi t’es capable et un jour tu me remplaceras à bord du Sharvi.

Le second ne savait pas trop quoi dire. Il avait toujours rêvé devenir capitaine de son propre vaisseau. Mais depuis son recrutement à bord du Sharvi il avait vécu tellement d’aventures avec Ania et Morse qu’ils étaient devenus plus que des coéquipiers. Ils étaient une véritable famille.  

Remington : - Et euh… Tu comptes pas nous quitter après notre expédition sur Nexus, si ?

Ania : - Parce que tu crois que devenir capitaine ça s’apprend en allant chercher des vieux trucs sur une planète ? Non je ne partirai pas avant que tu sois prêt à piloter ce tas de ferrailles ! Maintenant viens on va bientôt arriver.

Remington souriait, rassuré et se dépêcha de mettre la relique et le carnet dans sa sacoche. Il rejoignit le cockpit où Ania et Morse l’attendaient.

Morse : - Nous y voilà. Nexus.

Le Sharvi ZT-60 s’approcha de la planète, contournant les lunes et la ceinture d’astéroïdes.

Morse : - On va pouvoir enfin voir des gens. C’est pas que j’en ai marre de vos tronches mais j’aimerai discuter technologie avec des gars qui savent de quoi ils parlent.

Ania : - On va rentrer dans l’atmosphère. Va donc dans la salle des machines au lieu de raconter n’importe quoi.

Morse : - Aye Cap’tain !

Le vaisseau entra dans l’atmosphère où une purée de pois les attendait. Les nuages empêchèrent toute visibilité. La capitaine Mooglos ralenti l’allure.

Ania : - Vous êtes prêt les gars ? On se rapproche du…

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase. A la sortie du voile nuageux des tirs de canons laser frôlaient la coque.  

Ania : - Bordel le Dominion ! Qu’est-ce qu’ils foutent là ?!?

La capitaine manœuvra pour esquiver les tirs mais ils étaient trop nombreux. Un coup de laser ébranla violemment le vaisseau. La partie arrière du Sharvi se détacha dans une explosion assourdissante. Remington s’agrippa à tout ce qu’il pouvait tandis qu’Ania décrocha le microphone.

Ania : - Morse fais-moi un bilan des dégâts au pas de course ! Morse ?... Morse ! Rah ! Le microphone est pété. Remington va voir ce qu’il fout.

Le vaisseau se mit hors de portée du Dominion et traversa un massif montagneux. Malgré les qualités de pilote d’Ania Mooglos, le Sharvi ne pouvait échapper à son destin et allait se cracher quelque part au pied de ces montagnes enneigés.

Remington se rendait tant bien que mal vers la salle des machines. Secoué dans tous les sens, il ouvrit le sas et vit avec un sentiment d’effroi que la salle des machines était totalement détruite. Un trou immense dans la coque laissait s’échapper l’air et aucune trace de Morse. Il ne réalisait toujours pas lorsqu’un choc le projeta en arrière. Le Sharvi avait atterrit sur Nexus…

Un froid glaciale lui lacerait les poumons. Remington ouvrit les yeux. Il était ensevelit sous les décombre du vaisseau. Rassemblant ses forces, il débloqua sa jambe en poussant une plaque d’acier. Il se fraya un chemin jusqu’à une lumière blanche et aveuglante qui lui semblait si loin. Le second parvînt à sortir et fît quelques pas, titubant sur la neige. Un liseré de sang caressait sa tempe. Il se retourna et vît le Sharvi ZT-60 en ruine et en flamme. Il s’avança d’un pas chancelant vers le vaisseau, son regard se floutant parfois.

Remington d’une voix faible : - Morse… Ania…

Il aperçut le bras sans vie de sa capitaine qui dépassait de la neige. Une larme coula le long de sa joue. Ses jambes n’avaient plus la force de le porter. Il tomba à genoux dans la neige avant de perdre connaissance.

? : - Tu ne mourras pas ce soir… Enfin je crois… On verra bien en fait…

Remington ouvrit un œil. Sa vision était floue et il distinguait à peine la silhouette penchée au-dessus de lui. Seule une odeur nauséabonde envahissait ses narines. Cependant il n’avait plus froid.  

Remington d’une voix faible : - Qui… êtes-vous ?

? : - Tais-toi.

Remington senti une piqure sur son cou et s’endormi aussitôt.

Ania : - Prend le gouvernail Thatch. Tu vas voir c’est pas compliqué.

Morse : - Avec Remington à la barre, on va se crasher c’est sûr…

Ania : - Mais non je vais lui expliquer les bases. T’as juste à tourner à droite après cette planète et… A droite… J’AI DIT A DROITE ! ON VA SE CRASHER !

Remington se leva en sursaut, le souffle court et en sueur comme si il venait de courir un marathon. Il regarda autour de lui paniqué et essaya de se calmer. Il était allongé sur un lit dans une pièce sombre. Les murs n’avaient pour seule décoration que des étagères où étaient posés une multitude d’objets étranges. Des tubes à essais vides ou rempli de liquides multicolores qui, parfois, dégageaient une fumée peu rassurante, des bocaux où étaient enfermés des créatures plus bizarre les unes que les autres. Des rideaux violets couvraient les fenêtres laissant juste passer un filet de lumière.

Remington s’assis au bord du lit et tenta de retrouver ses esprits lorsqu’il entendit des bruits de pas dans la pièce d’à côté. La porte de sa « chambre » s’ouvrit et laissa apparaître un être de très grande taille.

? : - Ah ! Le dormeur s’est réveillé en fin de compte ? Ces humains… tous des feignants… Enfin… j’ai peut-être un peu abusé sur le dosage…

Le curieux personnage ouvrit les rideaux, baignant la pièce dans la lumière du jour. Un Mordesh se tenait au milieu de la chambre les bras croisés et l’air satisfait.

Remington : - Vous êtes qui ? Et où est-ce que je suis ?

Le Mordesh : - On se fiche de qui je suis. Et pour la deuxième question, tu es chez moi... Depuis deux semaines. Tiens, voilà tes affaires.

Le Mordesh lui lança ses vêtements, ses bottes ainsi que ses blasters.

Remington : - Deux semaines ?!?... Eh ! Où est ma sacoche ?

Le Mordesh : - Ta sacoche est en lieu sûr ne t’en fais pas. Je la garde jusqu’à ce que tu ais fait quelques petites choses pour moi.

Remington bondit sur le Mordesh le poussant contre le mur et lui pointa un de ses flingues sous le nez.

Remington : - Où est ma sacoche ?!?

Le Mordesh attrapa le pistolet tranquillisant attaché à sa ceinture et piqua une nouvelle fois le cou de Remington qui tomba aussitôt dans les vapes.

Le Mordesh : - C’est bon tu es calmé ? C’que vous pouvez être susceptible vous les humains…

Remington se réveilla encore dans le lit.

Le Mordesh : - Si tu as des engourdissements c’est normal. Ça fait quatre jours que tu dors.

Remington avec un gros mal de crâne : - Vous m’avez fait quoi ?...

Le Mordesh : - Je t’ai juste injecté un petit tranquillisant. Oh trois fois rien ne t’en fais pas.

Remington : - « trois fois rien »… j’ai quand même dormi quatre jours…

Le Mordesh : - Par contre j’ai gardé tes armes aussi. Tu es un peu… instable.


Remington se levant du lit : - Écoutez, je… Je peux pas rester. Il faut que je parte d’ici…

Le Mordesh : - Tu n’iras nul part avant de m’avoir remboursé petit Humain. J’ai utilisé des produits rares pour te soigner. Et comme je vois que tu n’as pas d’argent, tu vas donc les récolter toi-même. Je te rendrai toutes tes affaires une fois que tu auras fait ça pour moi.

Remington : - C’est une blague ?

Le Mordesh se penchant vers son hôte : - Ais-je l’air de rigoler ?

Remington l’observa un instant. Quoi que pouvait exprimer la mimique du Mordesh, ce n’était pas de l’humour. Finalement il se résigna.  

Le Mordesh se redressant en souriant : - A la bonne heure ! Je t’ais fais une petite liste.

Remington pris le bout de papier et le déplia. Des noms de plantes et d’animaux complètements inconnus remplissaient la feuille.

Remington : - Je sais même pas ce que c’est… Comment voulez-vous que je trouve tout ça ?...

Le Mordesh donna à Remington un petit livre contenant de nombreuses informations et illustrations de sur toute la faune et la flore du secteur. 

Le Mordesh : - Maintenant au boulot. Je te rends tes armes se sera plus pratique pour toi. Si tu veux revoir ta sacoche, rapporte moi tout ça. Prend ton temps surtout. Je ne suis pas… Pressé.

Et c’est ainsi que Remington parcourra pour la première fois les étendues sauvages de Nexus. Durant plusieurs jours il chassa des animaux pour leur fourrure ou leurs dents et cueillit des plantes plus ou moins dangereuses. La nuit il repensait tristement à ses amis perdu. Le crash hantait ses rêves et il se réveillait toujours en sueur. Mais les tâches que lui avait confiées le Mordesh l’aidèrent à penser à autre chose.
Lorsque Remington eut fini de tout collecter, il retourna à la demeure du Mordesh.

Le Mordesh : - Ah je vois que le voyage n’a pas été de tout repos.

En effet, les vêtements de Remington étaient déchirés et couvertes de boue.

Remington : - J’ai tout ce qu’il vous faut. J’ai payé ma dette, maintenant à vous de régler la vôtre.

Le Mordesh : - Choses promises, choses dues. Voilà ta sacoche. Avant que tu t’en aille laisse-moi te donner un dernier petit conseil. Trouves toi des amis. Ne reste pas seul… Si tu tiens à la vie.

Remington : - Plutôt étrange venant de la part de quelqu’un qui vit seul perdu dans le trou du…

Le Mordesh : - Oui bon… Fais ce que je te dis. Ou ne le fais pas. C’est à toi de voir. Mais à ta place je ferai ce que tu me dis… Non. A ma place je ferai ce que tu… Non… bref, fais le.

Remington remercia le Mordesh et parti en direction des terres contrôlés par les Exilés. Il sorti le cube de sa sacoche et l’observa tout en marchant sur les chemins. Pour honorer la mémoire de son équipage, il se fît la promesse de tout faire pour trouver le trésor que cache cette relique mystérieuse.

? : Alors tu l’as trouvé ton trésor Remington ?

Remington : Non ! Lâches moi un peu. T’es tout le temps là, à traîner dans mes pattes… Et puis c’est pas le moment de venir m’emmerder. J’ai soif, j’ai faim et je suis fatigué.

? : Et t’as pas un sous en poche. Je t’avais dit de ne pas dépenser tout l’argent des Mordeshs… Résultat t’es aussi fauché qu’un Roan dans le désert !

Remington : Merci de me remonter le moral ! Il fallait bien que je répare mes pistolets. Comment je m’en sortirais sans eux ?

? : Tu m’as moi.

Remington : Pfff… Tu parles ! Tu m’attires toutes les saloperies de la planète…

Les jours, les semaines puis les mois se sont écoulés depuis son départ de la maison du Mordesh. L’aventurier, toujours à la recherche de son trésor, avait pas mal dégusté dans les contrés hostiles de Nexus. Les Maraudeurs et les animaux sauvages ne laissaient aucun répit. Sans compter sur les patrouilles de Dominards armées jusqu’aux dents.

Durant son périple, Remington Thatch avait rencontré quelques camps avancés où il pût se reposer et chercher des indices à propos de sa relique. Les réponses étaient toujours les mêmes : « Des restes de civilisation Eldan ? Y’en a partout mon gars. Va falloir être plus précis que ça. Les plus proches d’ici sont à Khamsin, et j’te souhaite bien du plaisir parce que c’est un sacré foutoir là-bas. ».

C’était donc en direction de Khamsin que se dirigeait l’explorateur. Traversant les monts enneigés et les déserts arides. La route était longue et la solitude pesante. Lorsque l’argent vînt à manquer, l’aventurier exécutait  divers tâches tels que mineur, chasseur de prime et même cobaye pour des expériences scientifiques Mordeshs peu recommandables. Il était prêt à tout pour arriver à ses fins, jusqu’à subir les injections de substances étranges pour quelques pièces d’argent.

Remington : « Fais-toi des amis » qu’il disait ce fou de mort-vivant… Facile à dire. Tout sur cette fichue planète cherche à me tuer et le reste de la population a mieux à faire.

? : Tu parles encore tout seul. Fais gaffe quand même, tu vas passer pour un dingue.

Le visage de Remington prît une teinte écarlate. Il se retourna brusquement en dégainant son arme et le pointa sur le visage de son interlocuteur qui se recroquevilla. La colère de l’arcanero se dissipa aussitôt lorsqu’il aperçut au-dessus du corps de son ami un petit village.

Remington : T’as de la chance. Regarde. On va pouvoir faire une pause.

Le village n’en était pas vraiment un. Trois maisons se battaient en duel pour un bout de terrain et un silo dominait l’endroit. Quelques structures en bois épousaient les reliefs de la colline et permettaient un meilleurs accès tandis que de vastes prairies où broutaient des Tamarous s’étendaient sur la vallée.

Remington : Surtout tu dis pas un mot. Si tu l’ouvre ne serait-ce…

Habitant : Tu parles à qui mon gars ?

Remington : Oh euh… personne. Je cherche un endroit où me reposer. J’ai fait une longue marche jusqu’ici.

Habitant : Ouais… Je vois ça… Je peux te laisser la grange. On manque de place dans la maison. Tu viendras manger avec ma femme et moi ce soir.

Profitant des derniers rayons du soleil allongé aux pieds d’un arbre, Remington se détendait tout en faisant tourner la relique dans sa main. Mais ce calme fût vite troublé.

? : Tu penses à quoi ?

Remington sursautant : Ah ! T’es encore là toi ?!?

? : Evidemment. Tu sais très bien qu’on ne peut pas se séparer.

Remington : Ouais ben c’est bien ça le problème. Et arrêtes de venir comme ça de nulle part. Tu vas finir par me faire avoir une attaque !

? : Bon et à quoi tu penses alors ?

Remington se calmant : J’étais en train de me dire qu’il fallait peut-être que je songe à m’installer quelque part sur cette planète. On m’a parlé de cette ville, Thayd. Je vais peut-être y faire un tour. Y’aura surement moyen de se faire du fric là-bas.

? : Je suis pour. Partons demain. Plus tôt on y sera mieux ce sera.

Remington : Exactement.

Habitant au loin : Hey ! Venez manger un morceau c’est prêt.

Le repas fût bon. Remington reprit des forces. Il interrogea son hôte sur Thayd et ce qu’il s’y passait. Mais le vieil homme, n’y aillant pas mis les pieds depuis un moment, ne pût apporter toutes les réponses à ses questions.

Lorsque l’aventurier eut fini son repas, il alla se coucher dans le foin frais de la grange du village. Après une bonne nuit réparatrice, il remercia les habitants et partit sur le chemin en direction de la capitale des Exilés.

Le villageois l’observa disparaître derrière une colline et se tourna vers sa femme :

Habitant : En voilà un qu’y s’est cogner la tête sur un rocher… Complètement dingo à parler tout seul…