Félicia SHADOW dite la "Sorcière"

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— Que sait-on sur la cible ?
— Pas grand-chose. Elle se fait appeler Félicie SHADOW. Ce nom ne figure dans aucun registre de recensement du Dominion. Et nos espions n’ont rien trouvé dans les registres des Exilés. Elle est également connue sous le surnom de « La Sorcière ».
— C’est original !
— Elle apparait pour la première fois dans des archives commerciales des Exilés il y a environ dix ans. Elle y est présentée comme une scientifique marginale menant des expériences sur l’esprit.
— Une scientifique ?
— Oui. Cependant, elle n’a eu aucun contact avec ses homologues. Elle n’a également jamais publié ses travaux.
— Comment fait-elle pour mener ses recherches ? Possède-t-elle un laboratoire installé quelque part ?
— Non. Elle possède une frégate militaire qu’elle a modifiée et réaménagée.
— Comment s’est-elle procurée un tel vaisseau ?
— Nous ne savons pas vraiment. La frégate faisait très certainement partie de la flotte impériale ; un bâtiment endommagé et abandonné à l’issue d’une bataille. C’est arrivé plusieurs fois au cours des cinquante dernières années.
— Oui et ce gâchis permet généralement aux Exilés de grossir leur propre flotte. Ou pire, aux pirates !
— Dans ce cas précis, on ignore de quel vaisseau il s’agissait, ni comment cette femme a pu mettre la main dessus. Ce qui est sûr, c’est qu’il a subi d’innombrables transformations. D’après des clichés et des témoignages oculaires, des équipements de mesure et des capteurs spécifiques ont été installés sur la coque. Le vaisseau est également armé.
— Vraiment ?
— On suppose que l’armement, tout comme le reste des équipements additionnels provient du marché noir.
— Que sait-on de l’aménagement intérieur ?
— Là, nos seules sources sont des témoignages de mercenaires qui ont travaillé de manière très ponctuelle avec elle. Il faut donc rester très prudents sur la véracité de ces informations. Elle vivrait seule à bord.
— Comment est-ce possible ? Peut-on manœuvrer un tel vaisseau sans équipage ?
— C’est compliqué mais ça reste possible. On suppose que son vaisseau est contrôlé par un superordinateur et peut-être même possèdent-elle quelques robots. Dans ces conditions on comprend aisément qu’une grande partie des quartiers d’habitation soit superflue. Les mercenaires ont prétendu avoir vu de grands laboratoires et même une chambre de cryo-stase. Probablement pour conserver des sujets de test.
— Elle fait des expériences sur des êtres vivants ?
— Hum… Les contrats qu’elle a passés avec les mercenaires incluaient effectivement la capture de sujets vivants. Le reste du temps elle se fait livrer des matériaux rares ou des reliques. On pense que la plupart proviendraient de Nexus.
— Mais sur quoi portent ces recherches, au juste ?
— Je ne préfère pas m’avancer sur ce sujet. A vrai dire, nous n’en savons rien. Un mercenaire a dit avoir vu « beaucoup de cristaux ».
— C’est plutôt mince. Sait-on dans quel secteur opère-t-elle ?
— Jamais deux fois au même endroit. Elle est toujours en mouvement. Elle stationne quelques jours tantôt en orbite d’une planète inhabitée, tantôt dans un nuage de gaz ou un champ d’astéroïdes. Parfois même en plein vide sidéral.
— Elle est quand même bien obligée de se ravitailler ?
— Oui. Elle se ravitaille régulièrement auprès de la flotte des Exilés. Elle leur fournit des produits pharmaceutiques et des substances médicinales qu’elle synthétique à bord de son vaisseau.
— Je serais curieux de voir à quoi elle ressemble.
— Ça tombe bien. Voici la seule et unique photo sur laquelle elle apparaît. La qualité est médiocre.
— Joli brin !
— Des rumeurs prétendent qu’elle serait bien plus vieille que ce qu’elle paraît. De plus c’est une Esper.
— Une quoi ?
— Elle manipule les forces psychiques. Télékinésie, manipulation et contrôle de l’esprit d’autrui. On prétend même qu’elle est passée maître dans l’art des illusions.
— Je comprends pourquoi on la surnomme la « Sorcière ». C’est tout ?
— Pour l’instant, oui. Mais nous sommes en train de monter une opération visant à la capturer.
— Excellent, tenez-moi informé du dénouement de cette opération.
— Bien entendu, monsieur.
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Elle ferma les yeux.

— Désolé, les gars mais c’est encore pour moi.

Le mercenaire jeta ses cartes sur la table, dévoilant ainsi son jeu à ses deux camarades qui lui lançaient des regards écœurés. C’était la dixième partie d’affilée qu’il remportait.

— Une chance comme ça, c’est pas naturel, moi j’dis !
— Allez, Krig, fais pas la tronche ! A notre prochaine escale, la tournée sera pour moi !
— T’as plutôt intérêt, Bloch. Et mêm’ deux fois qu’une !

Bloch regarda celui qui venait de le menacer.

— Ne t’en fais pas, Tedd, je ne ferai pas mon pingre comme certains, répondit-il en battant les cartes.

Tedd grimaça.

— Une petite dernière ? lança le vainqueur avec un air de défi.
— Va t’faire foutre, Bloch !

Les mercenaires se levèrent et retournèrent à leurs occupations. Si tant est qu’ils en trouvent une. A bord de l’Epervier, leur vaisseau et leur modeste demeure, il n’y avait pas grand-chose à faire au cours d’une livraison. Bloch resta donc assis et continua à mélanger les cartes machinalement en pensant au pactole qu’ils allaient empocher.

La voix de Garn, leur pilote, nasilla par les haut-parleurs :

— Préparez-vous, les mecs ! On est bientôt arriver.

Bloch, en tant que chef de cette petite coterie, se devait de superviser les derniers préparatifs. Il se leva à son tour et rejoignit le cockpit. Il s’immobilisa un instant sur le seuil de l’écoutille, laissant ses yeux s’habituer à la noirceur de l’espace. Il tapa sur l’épaule du pilote et prit place à côté de lui, sur le siège inoccupé du copilote.

— Combien de temps ?
— On pourra s’amarrer dans quinze minutes.

Bloch écarquilla les yeux et distingua un point plus brillant que les étoiles, droit devant eux. A cette distance, il était impossible de distinguer le moindre détail de l’autre vaisseau. Il était rassurant de constater que les coordonnées du rendez-vous étaient exactes. Et puis il faisait confiance à Garn. Pour naviguer au-delà de la Frontière, il n’y avait pas meilleur que lui.

— J’espère que la Sorcière ne nous posera pas de problème, marmonna Bloch.
— Elle a toujours été réglo avec nous. Y aura pas de problème, Chef.
— On verra.
— Tu devrais rejoindre les autres.
— Ouais.

Bloch sortit de la cabine de pilotage et traversa le mess pour accéder à l’échelle qui descendait à la soute. Ses hommes finissaient de se préparer. Certains ajustaient leurs armures, d’autres vérifiaient leurs armes ou leurs communicateurs.

— Bon, les gars, tenez-vous prêts. On va bientôt s’amarrer. La Sorcière n’est pas méchante mais on ne sait jamais.
— Hey, Chef ! Il paraît que c’est un joli morceau !
— Ouais, moi j’lui montrerais bien mon gros calibre.

Les mercenaires partirent tous d’un rire gras. Sauf Bloch. Il savait de quoi la Sorcière était capable et il n’avait pas pour habitude de la doubler. Même s’il essayait de le cacher à ses hommes, il était tendu.

— Ne sous-estimez pas cette femme. Ce n’est pas pour rien qu’on la surnomme ainsi. On livre le paquet, on se fait payer et on se casse fissa. Personne ne traîne. Personne ne lui adresse la parole, vous me laissez négocier. Et vous gardez le doigt sur la gâchette. C’est clair ?
— Chef, oui, Chef ! braillèrent-ils tous en cœur.

A part Tedd et Krig, avec qui il bossait depuis de nombreuses années, les trois autres mercenaires étaient des recrues récentes. Ils n’avaient jamais vu la Sorcière.

Bloch enfila à son tour son armure et chargea son arme. Tedd croisa son regard. Il se doutait qu’il y avait quelque chose d’inhabituel. Mais il ne voulait pas tirer les vers du nez de leur chef devant les autres.

— Accrochez-vous, lança Garn dans leurs communicateurs. Je vais m’arrimer.

Le vaisseau vibra un instant puis un choc sourd l’ébranla. Un voyant vert s’alluma au-dessus du sas.

— OK, on y va ! Krig, Finn, vous portez le caisson. Go ! Go ! Go !

Ils investirent le sas qui se referma derrière eux. Le cycle de dépressurisation expulsa l’air dans le vide qu’ils ne tardèrent pas à rejoindre. Les quelques mètres qui les séparaient de l’autre vaisseau furent vite franchis.

Elle méditait.
Ils approchaient.

Bloch essuya la fine couche de glace qui recouvrait la visière de son casque avant de la relever.

— OK ! Tedd tu restes ici. Les autres suivez-moi.

Le petit groupe progressa lentement à travers les coursives désertes du vaisseau. Bloch connaissait le chemin. Son employeuse l’autorisait à se déplacer librement jusqu’à ses quartiers.

Ils débouchèrent finalement dans une vaste pièce demi-sphérique. Là, le chef des mercenaires ordonna de stopper. Il fit signe aux porteurs du caisson de le placer près de lui puis disposa ses hommes en demi-cercle, de trois mètres en retrait.

Elle sentait leur présence, leur nervosité.
Elle se délectait de leurs pensées. Même les plus salaces.
Elle se décida à prendre contact.

Une porte siffla et s’ouvrit devant eux. Une femme d’âge mûr, belle et gracieuse fit son entrée. Elle paraissait se mouvoir en glissant au-dessus du sol, dans un silence absolu, vêtue d’une longue robe constituée d’un assemblage complexe de voiles dont il était impossible de déterminer la couleur ; ses teintes chatoyantes semblaient varier perpétuellement.

— Madame…

Bloch s’inclina en signe de respect mais son geste parut un peu raide.

— Salutations, Bloch. Vous êtes parfaitement dans les temps.

Elle lui souriait avec la bouche mais ses yeux légèrement plissés affichaient une certaine sévérité. Ils fouillaient au plus profond de son âme. La sueur commençait à perler sur son front.

— La ponctualité n’est pas dans vos habitudes.

Il garda le silence, le regard baissé. Ne souhaitant pas le mettre davantage mal à l’aise, la Sorcière s’intéressa au caisson dont elle désamorça le verrouillage étanche d’un geste habile. Il s’ouvrit au ralenti dans un long chuintement. Elle jeta un regard à l’intérieur. Un instant elle sembla indécise avant de froncer les sourcils. D’un geste vif, elle se retourna vers le chef des mercenaires. Il tressaillit. Elle avait deviné !

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

Sa colère était palpable. Il avait été fou de croire qu’elle se laisserait berner de la sorte. Tant pis, cela ne changeait rien au plan. D’un geste il ordonna aux autres de mettre la femme en joue. Cinq canons se pointèrent sur elle dans un seul mouvement.

La femme resta stupéfaite. Elle posa sur Bloch un regard où l’incompréhension et la fureur se succédaient alternativement.

— Vous me décevez énormément !

Cet à cet instant qu’une violente explosion extérieure ébranla le vaisseau. Ils se figèrent tous sauf le chef des mercenaires qui semblait au contraire soulagé. Puis une seconde explosion plus violence se fit entendre.

Les communicateurs des mercenaires vibrèrent. C’était Garn.

— C’est le Dominion ! Je sais pas comment ils nous ont trouvé. Je vous conseille de rappliquer très vite, ils ont l’air de vouloir passer à l’abordage.

C’était le signal que Bloch attendait.

— Les gars, on se replie ! Vite ! Tous au vaisseau !

Alors qu’ils commençaient à courir, il jeta un dernier coup d’œil en arrière, par-dessus son épaule. Il aurait juré que la Sorcière venait de se volatiliser sous ses yeux.

Elle ouvrit les yeux.
Danger. Survie.

Elle se redressa d’un bond et se jeta sur la console de contrôle qui était près d’elle. Les procédures d’urgence se lancèrent l’une après l’autre. Cela n’arrêterait pas l’envahisseur bien longtemps. Il était trop tard pour sauver le matériel. Seules les données de recherche étaient primordiales. Elle lança le transfert des fichiers et leur suppression avant de s’élancer par le couloir d’évacuation. A l'autre extrémité, l’attendait une navette de secours déjà prête au départ.

Une fois à bord, elle s'installa aux commandes et alluma tous les systèmes. Un regard sur un moniteur lui apprit que les soldats étaient entrés et un autre que les données avaient été correctement déplacées.

Plaquée au dossier de son siège alors que la navette s’élançait le long de la rampe de décollage, elle maudissait le Dominion de tout son être. Et les mercenaires de Bloch par la même occasion.

Dans un éclair, sa navette disparut dans les profondeurs de l’espace alors qu’elle abandonnait aux mains du Dominion une partie de son travail et toutes ses possessions.

Vengeance.

La suite ici : http://wildstar-jdr.jdrforum.com/t185-rp-prive-chemins-croises

(Je l'avais déjà lu mais le relire fut encore une fois un plaisir. Vivement les intéractions RP forum et ensuite en jeu car cette Félicia est vraiment intriguante).

(Mais... mais qu'est ce qu'il y a dans cette malle !?! )